Chapelle Sainte-Barbe (1619)
Sainte-Barbe n'est pas bretonne ni même française. Elle est hollandaise. Les marins, qui entretenaient de grands rapports commerciaux avec les Pays-Bas, ont ramené en terre roscovite le culte de la sainte.
Son clocher provient de la chapelle Saint-Sébastien. Edifiée pour "conserver par l'intercession de sainte Barbre le peuple du Minihy de Saint-Pol et celui de toute la chrétienté des invasions des pirates et d'autres ennemis de l'église" (Nouveau Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper et du Léon).
Le jour de leur départ pour l'Angleterre, les Johnnies au "Pardoun Santez Barba" saluaient la chapelle, hissaient le pavillon et entonnaient l'hymne roscovite:
"Rosko, sko mibin, sko kaled, sko atao".
Le pardon de sainte Barbe était toujours un grand événement.
"Samedi. Des bénévoles nettoient et décorent la chapelle et ses abords. quelques restaurateurs et débitants de boissons procèdent au montage des tentes sous lesquelles les participants pourront se substanter et étancher leur soif. En bordure de grève, des forains s'installent.
Dimanche. L’après-midi, le clergé se rend au pied de la chapelle pour y chanter les vêpres en plein air. Après un sermon en français, les fidèles, Roscovites et habitants des communes voisines, font cercle autour d'un bûcher édifié au pied du tertre. Un feu de joie, "le Tantad " fait suite à la cérémonie religieuse. La foule se disperse lentement, empruntant la route qui longe la mer, et se retrouve dans le tintamarre de la fête profane où manèges, camelots et buvettes l'attendent.
Lundi. Le matin, les messes sont célébrées en plein air.
quatorze heures,
grand moment de la journée, la procession quitte l'église. A sa tête,
dans sa tenue
d'apparat, coiffé de son bicorne, hallebarde sur l'épaule, marche le
bedeau, suivi de la
croix paroissiale.
Bannière de Notre Dame de Croas Batz, de Saint Nicolas... statue de
Sainte Barbe sortie
de son autel et revêtue de son manteau, statue de Saint Pierre debout
dans un bateau,
portées sur des brancards par des cultivateurs et des pêcheurs,
avançant d'un pas lent
dans une attitude recueillie.
Des petites filles en costume traditionnel et leurs enseignantes, des
sueurs du Saint
Esprit, entourent la statue de Sainte Barbe que suivent les prêtres en
soutane noire et
chasuble blanche. Les porteurs de bannières et de statues ont fière
allure dans la tenue
qu'ils portent depuis la fin du 19ème siècle sous l'impulsion du barde
Eugène d'Herbais
: pantalon blanc serré aux cuisses mais évasé vers le bas sur la
chaussure, chemise
blanche à col rabattu et nœud de cravate noir, gilet bleu à manches sur
un gilet
noir sans manches, turban bleu en guise de ceinture.
D'autres porteurs ont revêtu le costume de cérémonie, le costume de "
pardon
" pantalon noir rayé en longueur tombant très bas et recouvrant la
chaussure d'un
pli cassé, chemise blanche et nœud de cravate, gilet noir avec manches
à deux
rangées de cinq boutons qui ne se ferme pas, laissant apercevoir le
turban et un autre
gilet noir sans manches à deux rangées de six boutons, orné d'une
chaîne de montre.
Porter la bannière est un honneur qui ne peut être accordé qu'à un
athlète accompli.
Il faut la tenir verticale malgré le vent, aidé par des collègues qui
en tiennent les
cordons ; de la redresser après l'avoir inclinée pour saluer une autre
bannière ou pour
franchir le porche de l'église.
Des femmes, beaucoup de femmes, en tenue sombre, drapées dans un châle
noir, portant la
coiffe blanche du pays, quelques-unes en costume plus clair avec
tablier et châle
brodés, amenant une note colorée, entonnent le cantique : " Santez
Barba E Rosko
" repris par tous les fidèles
Ni ho salud gant levenez,
Ni ho salut hor patronez.
C'houi ro d'eomp ho relegou,
Ni ro d'eoc'h hor c'halounou.
Meulomp leun à joa.
Meulomp Santez Barba.
La procession, selon un parcours immuable, s'étire sur plus
de cinq cents
mètres le long des rues pavoisées et fleuries et rejoint la chapelle.
Devant une
multitude de fidèles, le clergé célèbre les vêpres suivies d'un sermon
en breton.
Dans la foule, imprégnés d'une ferveur grave, de nombreux " Johnnies "
assistent à la cérémonie. Dès le lendemain, ils commenceront les
préparatifs de leur
départ pour l'Angleterre. La procession se forme à nouveau et se dirige
vers l'église
où un salut du Saint-Sacrement clôture la journée."
(Extrait de " Lieu de culte et de sépulture " de G. Hisette – Art et Culture - 1997, in http://roscoff-quotidien.chez.tiscali.fr/ste-barbe.htm)