Chapelle Sainte-Anne du Bâtiment
Le village du Bâtiment surprend par l'alignement de ses maisons qui lui donne l'aspect d'une cité ouvrière étirée en longueur. Les seigneurs de Kergroix avaient, en effet, installé près de la ravière, dans la pièce de terre du Gaffre, des forges de fer qui eurent une certaine importance puisque le Roi accorda à Guillaume de Lambilly, en 1666, l'établissement à Remungol d'un marché hebdomadaire et de deux nouvelles foires, en plus des deux autres qui existaient d'ancienneté, "en considération du développement qu'a pris la localité par suite des ouvriers et des commerçants qui fréquentent les forges de Kergroix". En 1781, le marquis de Lambilly, invoquant cette fois le négoce des bestiaux pour l'approvisionnement des portes de Brest, Lorient et Saint-Malo, obtint encore cinq nouvelles foires. Plus tard, une verrerie a remplacé les forges.
La chapelle Sainte-Anne se situe au centre de la petite agglomération. Son titre semble avoir varié. Selon Le Mené, il était autrefois du Saint Sauveur et de la Sainte Vierge. Au 18e, elle est dite parfois de saint Julien, parce que la chapellenie de ce nom y avait été transportée. On a parlé aussi, on ne sait pourquoi, de sainte Agathe. Mais, depuis longtemps déjà, c'est sainte Anne qui y est honorée.
Il semble qu'elle ait été totalement reconstruite vers le milieu du siècle dernier. L'estimant, dans son état, dangereuse pour les fidèles, le conseil municipal en avait décidé ainsi, le 15 novembre 1842, et il comptait sur une aide substantielle du gouvernement. Tout en reconnaissant l'importance de ce lieu de culte pour une partie notable de la population, le sous-préfet doutait de pouvoir l'obtenir, mais demandait au préfet d'approuver le plan établi par l'architecte de Pontivy afin que les travaux puissent commencer rapidement sous la direction du conseil de fabrique.
La reconstruction fut-elle partielle ou imparfaite ? En 1955, il a fallu refaire le pignon lézardé, en 1967 toutes les ouvertes et, un an plus tard, le dallage. Plus récemment, elle a subi une dernière toilette qui lui a donné un air tout à fait avenant.
Extrait de "Eglises et Chapelles du Pays de Locminé" du chanoine Joseph Danigo (UMIVEM, 1991)