Chapelle Saint-Nicodème
Son clocher de 46 m domine la région. Ses 110 marches permettent d'accéder à une plateforme, puis à une seconde. Là, un toit intérieur abrite une roue manoeuvrant la statue de saint Nicodème. Le premier dimanche du mois d'août, le jour du pardon, après les vêpres, on descend la statue de Nicodème pour qu'il embrase le feu de joie qui vient clore la procession. Cette tradition est très ancienne et doit évoquer un culte solaire. On la retrouve d'ailleurs à Pluvigner, lors du pardon de saint Vener, de même qu'à Guern, au pardon de Notre-Dame de Quelven.
Selon certains, saint Nicodème serait apparu à des habitants du pays et leur aurait demandé une chapelle. Pour en fixer le site, ils se confièrent à des boeufs qui s'arrêtèrent au bord d'un vallon marécageux. Pour d'autres, ce serait un ex-voto de la dame de Kerveno qui avait promis de bâtir une chapelle à l'endroit même où elle reverrait son mari, à son retour de guerre.
La chapelle actuelle est datée par une inscription de la sablière intérieure : "CESTE CHAPELLE FUT ACHEVE EN LAN M Vcc XXXIX (1539) PAR J. LE LAYEC DE MORIAC ET ESTOIT PO LE TEMPS MAISTRE LOYS DE KERVENNO RECTEUR CESTE PAROESSE" et au-dessous "ET DOM JEHAN LE FICHER CURE". Si la famille de Kerveno est intervenue dans sa construction, c'est par l'entremise de Louis de Kerveno, recteur de Pluméliau en 1537-1539.
Le pardon se célèbre le premier dimanche d'août. Naguère, il était très fréquenté et Guillotin de Corson nous en donne une description très vivante et très colorée : "La veille a lieu une grande foire près de la chapelle, et à l'occasion des premières vêpres du pardon, les boeufs, vaches et veaux destinés au saint, les cornes ornées de rubans, sont conduits processionnellement, sans cérémonial religieux toutefois, autour du sanctuaire de Saint-Nicodème, par leurs propriétaire, au son du fifre et du tambour. Il est d'usage, en effet, d'offrir alors à Dieu quelques têtes de bétails, en échange desquelles les marguilliers présentent aux donateurs des petits pains, du beurre et du cidre.
Les bestiaux donnés à saint Nicodème sont ensuite mis aux enchères et achetés à des prix élevés, dans la conviction que leur présence dans une étable est un gage de prospérité pour le reste du troupeau. Le produit de cette vente est employé en aumônes, et particulièrement en prêts aux cultivateurs de la paroisse, atteints dans leur aisance par un incendie, par la conscription ou par une épizootie.
Il est ausis d'usage d'offrir du beurre à saint Nicodème. Le dimanche précédant le pardon, les trésoriers distribuent aux gens de bonne volonté de petits pots vides que ceux-ci s'engagent à rapporter pleins de beurre le jour de la fête ; aussi appelle-t-on vulgairement ce jour-là le "dimanche des pots" (sul er podeu)."
(Photos: Médiathèque de
l'architecture et du patrimoine)