Chapelle Sainte-Brigitte
S'agit-il de sainte Brigitte de Suède ou de sainte Brigide d'Irlande ? On ne le sait précisément. Un vieux cahier des usages et coutumes de la paroisse de Naizin notait : "Dernier dimanche de janvier, messe matine et grand-messe à Sainte-Brigide". Un ancien Noël breton chante :
Gouil Brehed zou é genver
ha gouil Maria é Huevrer
Mes pen dé sellet mat en treu
Ind hum gav é huevrer ou deu
(La fête de Brigitte est en janvier
Et celle de la Vierge en février [la Purification]
Mais à y regarder de près
Elles se trouvent en février toutes le deux.)
C'est en 1882 que le recteur Beller transporta la fête de sainte Brigide au dernier dimanche d'octobre, précisant qu'il n'y aurait plus aucune cérémonie le dernier dimanche de janvier. Il justifiait sa décision par la brièveté des jours en cette saison, les intempéries qui rendaient pénible le déplacement des paroissiens vers une chapelle éloignée et, argument suprême : c'est au mois d'octobre qu'on fête sainte Brigitte. Ainsi s'établissait la confusion entre les deux saintes.
Mais en 1908, l'abbé Jean-Marie Le Clainche, originaire de la paroisse, appelé à présider la pardon, revendique hautement pour la chapelle le patronage de la "perle de l'Irlande". Il faudrait donc écrire Sainte-Brigide, ce qui éviterait toute ambigüité.
La chapelle actuelle date tout juste de cent ans. Elle remplace une autre plus ancienne dont on ne sait rien sinon que, d'après le cadastre, elle était en forme de croix grecque et occupait le même site, au nord du manoir du Perzo, non loin de la route de Pontivy à Josselin.
La chapelle possède trois fontaines. Celle de sainte Brigide n'est qu'une simple source dans une fondrière. On y conduisait les vaches pour qu'elles aient du lait en abondance, en souvenir de la légende, en vertu de laquelle la sainte avait possédé une vache qui produisait suffisamment de lait pour nourrir toute sa communauté. Plus mystérieuse encore, l'histoire recueillie par un Noël breton affirmant qu'une Brigide avait assisté la Vierge lors de la naissance de Jésus, grâce à quoi sainte Brigide était invoquée par les femmes en couches et, par fusion des deux récits, elles lui demaindaient encore d'être de bonnes nourricières.
La fontaine de saint Avertin n'est pas davantage bâtie. La curieuse attitude qu'on lui donne dans ses statues montre assez qu'on avait recours à lui contre els maux de tête.
C'est sans doute la procession des Rogatinos qui a valu à saint Marc d'être introduit dans la chapelle de sainte Brigide et curieusement, c'est lui qui hérite de la fontaine la plus accessible et la seule qui présente un petit monument.
Extrait de "Eglises et Chapelles du Pays de Locminé" du chanoine Joseph Danigo (UMIVEM, 1991)
(Photo réalisée par Christian Leboulh)