Chapelle Saint-Joseph de la Congrégation à Kermaria

Née au début du 19e, à Bignan, la Congrégation des Filles de Jésus connut un rapide essor vers le milieu du siècle et se trouva bientôt à l'étroit dans sa maison-mère. Pour faire face aux nécessités de plus en plus pressantes, la supérieure générale, mère Marie de Saint-Charles, décida en 1856 d'acquérir une grande lande aux confins de Locminé sur laquelle on aurait toutes facilités de construire. Les premiers travaux furent rapidement entrepris et, dès 1860, la communauté put se transporter dans le nouvel établissement qui prit le nom de Kermaria. Pendant plus d'un siècle, il ne cessa de s'agrandir au point de devenir un vaste complexe riche de deux chapelles et de plusieurs oratoires.

La première pierre fut posée le 25 novembre 1865. Le sculpteur vannetais Merle fabriqua les autels et sculpta dans la pierre blanche la statue de saint Joseph. On confia aux Carmélites du Mans le soin d'établir la maquette des vitraux. Le 22 août 1867, Monseigneur Bécel vint consacrer la nouvelle chapelle. Elle n'avait coûté pas moins de 60 000 francs, somme considérable pour l'époque, qui fut couverte peu á peu par els dons des fidèles.

Le projet élaboré par mère Marie de Saint-Charles avait paru, au départ, un peu trop hardi et suscité des réserves. Pourtant, dès la fin du siècle, la chapelle s'avérait insuffisante et la congrégation demanda à l'abbé Brisacier de Tours un plan d'agrandissement qui ne sera réalisé que beaucoup plus tard, à l'occasion du centenaire de la fondation. Il s'agissait d'élargir la nef à la dimension du transept, et de la doter ainsi de bas-côtés. En outre, une large tribune fut édifiée au fond de la chapelle. Les travaux furent accomplis de 1929 à 1931 par M. Jamet de Plouharnel. Déjà les vitraux provisoires du choeur avaient été remplacés en 1927 par des verrières historiées de scènes en relation avec les origines de la congrégation : une image de la sainte Famille ; la "vision" du second fondateur M. Coeffic et de son M Le Falher ; la remise d'un anneau nuptial à mére saint Angèle par l'Enfant Jésus assis sur els genoux de la Vierge ; une séance de catéchisme donnée à un groupe d'enfants par deux Filles de Jésus. A l'époque, ce travail de M. Desjardin d'angers dut jugé "très réussi et d'un très bel effet". Sous la statue de saint Joseph furent placés de nombreux ex-voto qui témoignaient de la puissance de son intercession. M. Evellin de Rennes disposa les statues du Chemin de Croix sur les parois de la chapelle. De grandes orgues furent installés par M. Gloton de Nantes et inaugurées le 25 décembre 1932. Ainsi tout était fin prêt pour célébrer dignement les fêtes du centenaire de la congrégation les 3, 4 et 5 août 1934.

Un autre centenaire, celui de la consécration de la chapelle, s'annonçait pour 1967. Entre-temps, les sensibilités religieuses et esthétiques s'étaient considérablement modifiées et une grande réforme liturgique était intervenue. On ne rêvait plus de simplicité, d'authenticité, d'austérité. Aussi estimait-on que s'imposait un nouvel aménagement de la chapelle. Déjà en 1959-60, le maître-autel avait été déplacé et allégé de certains ornements. En 1967, il fut avancé dans le choeur pour la célébration face au peuple. A cette occasion disparurent les boiseries, les tentures et les ex-voto.

Bien qu'elle ait été construite à une époque où l'architecture ne se voulait que d'imitation du passé, la chapelle de Kermaria offre, tant dans son architecture que dans son ornementation, un certain caractère et bénéficie d'une douce lumière favorable à la prière et au recueillement.

Extrait de "Eglises et Chapelles du Pays de Locminé" du chanoine Joseph Danigo (UMIVEM, 1991)