Chapelle Notre-Dame du Mane Gwen
Cette chapelle est étonnante par les sculptures qu'elle présente. On voit d'abord sur une frise des têtes d'hommes et des gueules d'animaux. Ensuite, sur deux balustres à l'entrée, ce sont des bustes de femmes tenant à pleines mains leurs seins nus. Ce même motif apparaît à gauche entre deux visages masculins.
Il est peut probable que ces motifs soit d'origine chrétienne! Encore une fois, la Vierge Marie, à qui est vouée la chapelle, a succédé à une déesse antique. Mais cette chapelle n'est pas unique en son genre. En effet, la chapelle Notre-Dame-du-Méné-Hom en Plomodiern présente une situation analogue. Toutes deux ont été édifiées à mi-pente d'une hauteur qui avait un caractère sacral dans l'Antiquité et dont le sommet était sans doute voué au culte du soleil. Le sommet était réservé au dieu, et les adorateurs se trouvaient à mi-hauteur.
La présence d'un puits en face de la chapelle est elle aussi caractéristique des lieux sacrés. Beaucoup de sanctuaires étaient accompagnés d'une source d'eau.
S'il faut en croire le cantique composé en 1711, la chapelle aurait succédé à une autre plus antique, bâtie vers 1300 à l'initiative d'une sainte fille, Olive Olivro, sur les lieux où elle avait choisi de se retirer avec ses deux soeurs pour "servir Dieu et la Vierge". Délaissée et ruinée, elle fut reconstruite par Vincent de Kerveno, recteur de Guénin, qui demanda en sa faveur des indulgences au temps du pape Paul III et de l'évêque Charles de Marillac. Ces données, du moins les dernières, sont historiques et empruntées sans doute au bref apostolique. Cependant, elles soulèvent quelques difficultés.
Dans son "Pouillé du diocèse de Vannes", Luco ne signale pas Vincent de Kerveno dans la liste des recteurs de Guénin, mais elle est très incomplète pour le 16e. Il est plus difficile d'accorder le synchronisme du pape et de l'évêque. En effet, Paul III fut pape de 1534 à 1549, mais Charles de Marillac ne fut agréé comme évêque de Vannes que le 20 octobre 1550 par Paul III. Il succédait à Laurent Pucci, mort en 1548. On peut supposer que les indulgences accordées par Paul III n'ont été contresignées que plus tard par Charles de Marillac. Le cantique ajoute que 168 ans plus tard arrivèrent les indulgences pour la "blanche Colline". Là encore, on doit plutôt penser à un renouvellement. On pouvait les gagner le jour de l'Annonciation (25 mars) et à l'occasion du pardon qui se célébrait la veille de la Sainte-Madeleine (21 juillet). Plus tardivement, les deux fêtes avaient lieu le troisième dimanche de juillet et le 15 août.