Chapelle Saint-Goustan (privée)

"Que savons-nous de l'ancienne chapelle de Saint Goustan? Au 12e siècle, des notables croisicais décidèrent de construire une chapelle en l'honneur du saint pour en rappeler le souvenir. Voici ce qu'en dit un texte (14-B-625) des « Domaines » de Guérande du 11 juin 1670 : « Non loin de l'entrée du port, on voit la chapelle de Saint-Goustan et son clocher en pyramide, le tout recouvert d'ardoises, situé au bord de la mer. L'autel de la chapelle est superposé au rocher sur lequel aborda saint Goustan. De style ogival primitif du 12e siècle, la chapelle fut agrandie par la suite et, au 15e siècle, pourvue de vitraux. Le chœur était plus large que la nef ».

La chapelle fut éprouvée à plusieurs reprises par des tempêtes, en particulier dans la nuit du 15 au 16 janvier 1703. Une partie des couvertures des églises de Batz et du Croisic, ainsi que de la chapelle de Saint-Goustan, furent enlevés, le dimanche 21 janvier 1703, le « général de la paroisse ayant appris que « la plus grande partie des vitres avaient été brisées, au poont que l'on n'y put tenir de luminaire allumé pour le sacrifice de la Sainte Messe », il fallait réparer les dégâts. On signale aussi le 14 mars 1756 le vol d'un tableau représentant « la Visitation de la Sainte Vierge », et pourtant ce tableau était scellé au mur.

En 1793, Saint-Goustan devint corps de garde et parc d'artiellerie. La chapelle fut peu à peu abandonnée et ses ruines vendues, avec le terrain d'alentour à M. de la Morandais en 1895.

Un autre texte des « Domaines » de Guérande signale l'existence en 1670 d'un petit cimetière. Survint en 1832 une épidémie de choléra. 48 cholériques furent inhumés à Saint-Goustan sur les 58 qui moururent du fléau. Au centre du cimetière se trouvait une croix de granit. M. de Courville, propriétaire de la ville « Ker Groaz », la fit transporter en bordure de la plage et de sa villa. Une réplique exacte de cette croix a été placée au cimetière du Croisic sur la tombe de cette famille.

D'après une tradition, un certain nombre de pêcheurs croisicais avaient l'habitude, en passant devant Saint-Goustan et son minuscule clocher, servant de point de repère, de se signer et de réciter le Pater et l'Ave."

Source: A. Bertho, "Le Croisic aux Vents de l'Histoire", 1974

Les jours de tempêtes, les femmes de marins venaient prier pour leurs maris en mer. Saint-Goustan avait lui-même été protégé miraculeusement après un naufrage au large de la côte du Croisic. Epuisé, il s'était assis sur une roche qui devint souple comme un coussin. Cette roche conserve d'ailleurs toujours son empreinte. Et c'est sur cette pierre que la première chapelle a été édifiée.

L'eau de la fontaine aujourd'hui disparue guérissait nombre de maladies. Au siècle dernier encore, les pèlerins s'y livraient à des ablutions.

On raconte que les femmes, après leurs prières, balayaient le sol et recueillaient la poussière de la chapelle pour la jeter en l'air du côté où le vent devait souffler pour ramener les maris au port. Ce faisant, elles chantaient:

Tourne, vent, tourne girouette!
Suis la poussière que je te jette.

Il est intéressant dans ce contexte de noter que l'église Notre-Dame-de-la-Pitié au bourg renferme une statue de la Vierge appelée Notre-Dame-des-Vents. Elle tient l'Enfant sur le bras gauche et une rose des vents dans la main droite.