Chapelle Notre-Dame de Toutes Joies
Elle a été entièrement reconstruite en 1890. L'ancienne chapelle est du 16e et remplaçait, dit-on, une autre plus ancienne que l'on croyait avoir été ruinée par les Huguenots.
L'édifice avait été garni en 1742 de 2 bras de croix. Il a été saccagé en 1793 et incendié en 1794.
Selon une tradition, le futur connétable Olivier de Clisson serait né dans cette chapelle.
L'abbé Fayon dans sa « Vie de M. Olier » (1841) et le vicomte Walsh dans ses « Lettres Vendéennes » (1825) racontent une légende retraçant l'origine de la chapelle.
Au lieu où se dresse la chapelle, un seigneur de Clisson (le père du connétable ?), reçut à la fois la nouvelle d'une défait des Anglais et celle de la naissance d'un fils : « Joie dehors la ville ! Et joie dans la ville ! ». De retour dans son château, sa femme l'accueillit par ces mots : »Toutes joies viennent de Dieu ! » Il aurait fait bâtir la chapelle Toute-Joies à l'endroit même où lui parvinrent les deux heureuses nouvelles.
Quelques légendes prétendent qu'il venait de repousser lui-même une troupe d'Anglais retranchés près de l'emplacement des Trois-Croix de Lorette, et les avait poursuivis jusqu'à celui de la chapelle de Toutes-Joies. Là, il aurait reçu la nouvelle de la naissance de son fils et y aurait bâti la chapelle.
Cette chapelle Toutes-Joies aurait aussi été destinée à remplacer celle que les Anglais avait détruite un peu plus loin et dont le sire de Clisson conserva le souvenir, en élevant auprès de ses ruines le calvaire des Trois-Croix de Lorette.
La statue de la Vierge fait l'objet de nombreuses légendes. A côté de la chapelle était-dit-on, une prairie : l'un des taureaux que l'on y menait paître allait sans cesse lécher un buisson d'épines, sans songer à sa nourriture. Or, loin de dépérir, il devint le plus beau du troupeau. Les bergers étonnés fouillèrent le buisson et y trouvèrent une statue de la Vierge qu'ils emportèrent chez eux. Mais cette statue retourna d'elle-même dans le buisson que le taureau recommença à lécher comme auparavant. Les bergers la portèrent alors à Gétigné, et là non plus elle ne voulut point fixer son séjour. L'on crut bien faire en la plaçant dans la chapelle, près du lieu où on l'avait trouvée : la statue quitta de suite le sanctuaire et alla se poser à l'extérieur, au-dessus du grand portail. C'est en cet endroit qu'on finit par l'installer dans une niche dont elle ne s'éloigna plus à l'avenir.
D'après une autre légende, la statue de Notre-Dame de Toutes Joies aurait été trouvée à l'endroit où s'éleva ensuite la croix de pierre du carroi, et quand on l'a transporta ailleurs, elle retournait toujours d'elle-même.
Enfin, d'après une troisième version, cette statue fut tirée de la fontaine de Persimon, non loin de Toutes Joies. On la porta dans la chapelle, mais elle allait toujours se placer au-dessus du grand portail.
L'archidiacre de Nantes la visita en 1683 et trouva que c'était « une chapelle belle, grande et propre ». Les pèlerinages attiraient 18 paroisses.
La Révolution Française brûla la chapelle dont il ne resta que les murs à demi calcinés.
Après la révolution, une pauvre fille, Jeanne Favereau, allait souvent prier sous les ruines du vieux sanctuaire, et résolut de mendier pour la refaire bâtir. Pendant des années, on la vit assise auprès des restes de l'orifice, filant sa quenouille en chantant des complaintes et tendant la main aux passants. Devant elle, sur une petite table, elle plaçait respectueusement et entourée de fleurs la statue brisée de la Vierg,e dont elle avait retrouvé les morceaux. Dès l'aube, elle errait autour des murailles croulantes, récitant son chapelet, à genoux près des débris de la croix du carroi, renversée par les Bleus, et parfois restait longtemps étendue à terre, comme un cadavre.
On la disait folle, et les prêtres, occupés à réorganiser le culte et vaquant au plus pressé, faisaient peu de cas de son zèle. Après plusieurs années, elle réussit à réunir 10 écus dont elle acheta des matériaux et commença la construction. Quand elle en vint à la toiture, le désespoir la prit. Elle recommença à solliciter la charité publique et fit même un voyage un Nantes.
Peu à peu, on s'intéressa à elle, on lui donna plus d'argent. Avant de mourir, elle vit la chapelle finie. Malheureusement, la chapelle fut démolie en 1890.
(D'après « Clisson et ses monuments » du comte Paul de Berthon.)