Chapelle du château de Brient
C'est par erreur qu'on place cet édifice sous l'invocation des saints Côme et
Donatien ; il y existait seulement une fondation sous ces noms, puis une autre de saint
Jean.
En 1508 eurent lieu dans cette chapelle le baptême d'Anne, fille de Jean de Laval et de
Françoise de Foix, puis en 1535 le mariage de Guy XVII, comte de Laval, neveu de Jean,
avec Claude de Foix, nièce de Françoise. Quand Jean de Laval mourut, en 1543, son corps
y fut déposé en attendant l'achèvement de la chapelle Saint-Nicolas, dont il avait
commencé la reconstruction et dans laquelle il voulait fonder une collégiale.
Les moines de Melleray venaient tous les ans célébrer la messe de minuit au château.
"Cette chappelle est grande, avec deux autels : le maître autel et celuy de la Vierge. Elle est tien bastie, avec grands vitraux autrefois de peintures, jubé au bas, un vieil fust d'orgues, quelques restes de tuyaux, un beau clocher, l'appartement et jardin du chappelain au bout. Elle est située joignant et en droitte ligne au vieil Chasteau, aparemment aussi ancienne, et dans la première court. Elle servit aux habitants pendant qu'après avoir démoli l'ancienne chappelle de Saint-Nicolas, qui leur appartenait, on faisait bastir la nouvelle. Le Saint-Sacrement y ayant esté porté solennellement, il y reposa jusqu'à la perfection de l'ouvrage. Il fut par après rapporté à Saint-Nicolas, ainsi que le corps de Jean de Laval, lequel y avoit esté mis en repost après sa mort dans une châsse de plomb. La translation en fut faite avec grande solennité; quatre des plus grands seigneurs portaient les quatre coings du drap mortuaire; il y fut déposé dans le chœur, en un caveau, au lieu ou on voit une petite pierre de taille verte en carré, sur lequel il y avait une fausse châsse de bois ostée depuis quelques années.
Il y avait autrefois en cette chappelle des fondations considérables; l'une, en l'honneur des saints Cosme et Damien, fondée par un seigneur de Chasteaubriant avec de gros revenus sur la terre de Pire, laquelle est appellée dans nos visites, il y a plus d'un siècle, entre les chappellenies mon obtenues ny servies; apparemment elle fut absorbée par la fondation de la Franceulle, qui jouist de tout ce que les seigneurs de Châteaubriant possédaient en cette paroisse.
II n'y a plus que la fondation de la chappellenie de Saint-Jean qui s'y desserve; elle est de trois messes par semaine et a de bons revenus en dismes dans les paroisses d'Auvemé et Saint-Julien-de-Vouvantes.
Il y a encore une chappelle domestique au bout de la gallerie des petits jardins, dont les seigneurs se servaient en cas de quelque infirmité; il y en avait encore une autre, dans les grands jardins, au dehors du Chasteau, qu'on appelloit de Saint-Antoine, ou j'ay encore veu l'autel. C'est là ou demeure a présent le fermier des grands jardins.
(Cette vaste chapelle, d'une élévation extraordinaire, dût être fort belle au temps où les barons résidaient dans leur château. Aujourd'hui, tout a disparu : clocher, tritnne, intels, fenêtres, elle sert de magasin et menace ruine.
On nous a raconté que, pendant la Révolution, deux habitants de Villepôt ayant détruit et enterré les statues des saints de leur église, et ne pouvant soutenir leurs remords elles re- proches que, pins tard, ils recevaient de toutes parts, résolurent, à tout prix, de réparer leur faute. Bs se glissèrent nuitamment dans la chapelle du château, en enlevèrent les statues des saints Cosme et Damien, qui y étaient oubliées, et les apportèrent dans leur église, qui les possède encore.)"
Source: P. Blays, "Des chappelles basties
dans la d. paroisse", in "Histoire de Châteaubriant" de l'Abbé Ch.
Goudé, Rennes 1870