Bénédiction d'une nouvelle statue de Notre-Dame de la Peinière

(19 Septembre 1920)


Pendant les années de la guerre 1914-1918, le sanctuaire de Notre-Dame de la Peinière, comme tous les sanctuaires consacrés à la Vierge, vit une foule de pèlerins désireux de venir chercher auprès de Marie aide et réconfort, protection pour les chers absents, au milieu des angoisses causées par une tuerie impitoyable. Beaucoup de soldats partis dans la boue des tranchées, sous les feux des plus violents bombardements, se recommandèrent à la Vierge qui, dans son vallon solitaire, attendait leur retour. La quantité de croix de guerre, de médailles militaires, de croix de la Légion d'honneur, accrochées aux parois de la chapelle, en reste un témoignage vivant. Lors de la restauration de la chapelle en 1971, ces médailles ont été regroupées sur un panneau dans l'absidiole centrale côté Nord de la chapelle.

Chaque année, une foule compacte se pressait lors du pèlerinage diocésain de septembre, mais la tristesse dominait les âmes, trop de cœurs étaient angoissés trop d'absents souffraient loin du pays, pour qu'on pût donner à ces manifestations l'élan de joie qui caractérise les pèlerinages en temps de paix.

Au lendemain de la guerre, de nombreux pèlerinages d'actions de grâces se déroulèrent dans le sanctuaire de Notre-Dame de la Peinière et incitèrent M. l'abbé Lambert, recteur de Saint-Didier, à réaliser un projet qu'il caressait depuis longtemps: placer sur le sommet de la tour une Vierge dorée de grandeur naturelle. Encouragé par le cardinal Dubourg archevêque de Rennes, il suffit à M. l'abbé Lambert de faire connaître son projet pour que immédiatement s'ouvrent les bourses. Au pèlerinage de Lourdes, le cardinal avait promis de venir lui-même bénir cette statue.

La bénédiction eut lieu le dimanche 19 septembre 1920, sous la présidence du cardinal-archevêque, de Mgr Charost, nouvellement nommé coadjuteur de Rennes, et de Mgr Guillemé, évêque de Matar.

Le matin. une grand-messe solennelle fut chantée en plein air, devant une foule immense qui avait peine à se masser dans le vallon trop étroit, et l'après-midi, 2 heures, eut lieu la bénédiction de la nouvelle statue. Un sermon de circonstance fut prononcé par M. l'abbé Le Marescal, un des meilleurs prédicateurs de l'époque. L'orateur retraça les grandes lignes de la guerre, avec ses alternatives de défaites et de victoires, et montra que si le pays voulait profiter de la victoire accordée par Dieu, et grâce à l'intercession de Marie, il faudrait qu'il comprenne la nécessité de respecter les saintes lois du mariage.

Sous l'habile direction de M. le chanoine de Montgermont, une procession fut organisée, hommes en tête, et en nombre considérable, puis venait le flot des bannières et des étendards blancs et bleus portés par les enfants, autour d'une statue de la Sainte Vierge, et enfin la longue théorie des prêtres qui escortaient NN. SS. les Evêques.

Au retour de la procession, le clergé se groupa autour de la Croix de Jérusalem, et c'est de là que le cardinal bénit la nouvelle statue.

En souvenir de cette journée de joie, usant de son pouvoir cardinalice, Mgr Dubourg accorda 200 jours d'indulgences aux pèlerins qui viendraient prier Notre-Dame de la Peinière en son sanctuaire.

Deux ans après, une autre cérémonie réunit un grand concours de fidèles à l'occasion de la bénédiction des trois cloches de la basilique, le 3 septembre 1922. Le clocher de la Peinière jusqu'ici était muet. Désormais, des voix argentines appelleront les pèlerins à la prière. Ce jour-là, M. le Recteur de Saint-Didier demanda à Mgr Charost, archevêque de Rennes, qui avait tenu à bénir lui-même les cloches, de revenir bientôt porteur d'une couronne qui serait posée sur le front de Notre-Dame de la Peinière.


Source : Les Presses Bretonnes, Saint-Brieuc