L'oratoire de la Peinière

pendant la révolution


Le pays de Vitré a toujours fait preuve d'un fidèle attachement à la foi chrétienne. Il a été un de ceux où la résistance à la Révolution a été acharnée. Les catholiques n'acceptèrent pas les "juroux" et lorsque les églises furent fermées, les gars de nos paroisses allèrent grossir les rangs de la chouannerie. Des engagements parfois très meurtriers eurent lieu dans les environs, mais pas un seul à Saint-Didier.

Que devenait l'oratoire de Notre-Dame de la Peinière pendant cette période de guerre civile?

On raconte qu'une bande de Bleus arriva un jour au village de la Peinière, ils pénétrèrent dans la chapelle et s'emparèrent de la statue qu'ils croyaient en or. Un des "Bleus", voulant s'assurer de la valeur de cette statue, la lança contre les parois de l'oratoire. Au choc, un doigt de celle-ci se cassa. Déçus les sans-culottes l'abandonnèrent dans la chapelle.

Après le passage des Bleus, la statue de N.-D. de la Peinière fut cachée dans une huche par Mme Augeard, propriétaire du "Pré de Notre-Dame". Longtemps on montra cette huche comme une relique.

Deux faits concernant l'époque de la Révolution montrent bien qu'à cette époque on invoquait Notre-Dame de la Peinière dans les dangers.

"Un M. Croizé fut saisi par les Bleus et emmené comme suspect. En passant par le bourg de Saint-Didier, les gardiens voulurent se rafraîchir et laissèrent leur prisonnier attaché à la porte d'une auberge. Dans le trajet des Lacs à Saint-Didier, M. Croizé s'était recommandé à la protection de la Vierge de la Peinière. Au bourg de Saint-Didier, un jeune homme aborde tout à coup le prisonnier et lui dit: "On va vous demander où vous voulez être jugé. Si on vous propose d'aller à Vitré, "demandez qu'on vous conduise à Rennes... Si on vous propose Rennes, optez pour Vitré."

"Quelques instants après cette scène, les Bleus ayant puisé dans de nombreuses libations le courage qui leur était propre, sortaient de l'auberge et demandaient à leur prisonnier s'il voulait être conduit à Vitré. M. Croizé opta pour Rennes où il fut gracié. S'il s'était laissé diriger sur Vitré, il eût, très probablement, été mis à mort, car parmi les membres du Comité du "Salut Public" de Vitré se trouvait un de ses ennemis personnels les plus acharnés. M. Croizé attribua sa délivrance à la protection de la Vierge de la Peinière, et lorsque la chapelle fut reconstruite, en 1840, il offrit gratuitement, en souvenir de ce bienfait, toute l'ardoise nécessaire pour la couverture et le dallage de la "chapelle" (récit communiqué par M. Rallé, ancien vicaire de Saint-Didier).


Source : Les Presses Bretonnes, Saint-Brieuc