Chapelle Saint-Egarec (16e)
Toute blottie contre la dune, ombragée de deux ormes qui ont résisté aux tempêtes, elle se présente comme un monument remanié du 16e siècle. Ce qui permet de l'affirmer, c'est l'ogive qui figure au fronton et qui a été aveuglée au moment de la restauration. La date de ce remaniement nous est fournie par l'inscription qui domine la porte d'entrée:
Mr STEPHAN Dt 1838
(Monsieur STEPHAN, desservant, 1838)
La fabrique de Lampaul vota l'achat d'une cloche et la construction d'un mur de clôture. Bénite par M. Forjoul, recteur de Saint-Pabu, la cloche fut nommée Marie-Isabelle et eut pour parrain Michel Forjoul, maire, et pour marraine Marie Arzur, veuve Corric. M. Pottain, curé de Ploudalmezeau, fut le délégué de l'évêque à la cérémonie.
Antérieurement à cette époque, l'église était plus longue et en ruines depuis 1758. On a supprimé toute la partie Est du monument en conservant l'arc diaphragme qui supporte un petit clocher. Les fenêtres de la partie qui subsiste portent le caractère du 18e siècle. La chapelle mesure actuellement 12 mètres de long sur 6 de largeur.
Le sol de la chapelle est recouvert de grandes dalles en pierre, dont plusieurs portent des écussons. On y remarque les armes des Portsmoguer : les six besants séparés par une fasce, puis d'autres qui portent "trois quintefeuilles" et seraient les armes des Bellingant, seigneurs de Kerbabu, en Lannilis, ou celles des Maestrius, seigneurs du Pouldu, en Ploumoguer, et auxquels appartenait le manoir du Quelen en Lampaul (il y a en Lampaul, le village du Hellen). Sur un écusson, on lit : S. BUBI.
Un lavoir désaffecté avoisine la chapelle. Plus loin, dans la prairie, se trouvait la fontaine de dévotion, aujourd'hui desséchée. Saint Egarec était invoqué pour les maux d'oreilles et la surdité. La pardon, qui avait lieu le dimanche de la Trinité, fut supprimé vers 1895. Désormais, on se borne à y chanter les vêpres ce jour-là. On peut présumer que la chapelle du 16e siècle fut précédée d'un autre sanctuaire datant de l'époque de la renaissance religieuse, c'est-à-dire des 11e ou 12e siècles. Le prieuré primitif fut sans doute un petit oratoire habité par deux ou trois moines.
Le service paroissial sera célébré à la chapelle Saint-Sébastien, et Saint-Egarec sera vite désaffectée.
Saint-Egarec sera restauré en 1838 par M. Stéphan, recteur. Une
chansonnette bretonne, une gwerz, commémore l'événement:
Gwerz nevez composet da Sant Egarec |
Gwerz nouvelle composée pour St Egarec habitants de Saint Egarec approchez tous pour voir les ossements qui sont trouvés en la chapelle de Saint Egarec Soixante ans sont passés depuis qu'on l'a négligée maintenant la voici debout de nouveau avec l'aide de St Paul, patron de la paroisse Avec l'aide du recteur, un bon prêtre Monsieur Stéphan est le père qui est extrêmement compatissant à l'égard des défunts abandonnés Pour la Toussaint et la fête des morts pendant l'année et à tout moment on dira des prières qu'ils soient délivrés de leurs souffrances Gens de la paroisse, gens du quartier c'est vous que je prie de bientôt venir les dimanches dans la soirée prier Dieu en la chapelle nouvelle Et quand vous passerez à l'église dites un pater ou un de profundis ou prenez un peu d'eau bénite pour soulager les défunts abandonnés Les gens charitables qui ont donné des offrandes à la chapelle Saint Egarec seront tous récompensés Par les trois personnes de la Trinité |
Source : monographie du chanoine Pérennès, site de l'Association Lambaol
de Lampaul-Ploarzel