Chapelle Sainte-Anne-la-Palud

Lieu du plus important pardon de Cornouaille, elle renferme une statue en pierre de sainte Anne (1548). Sainte-Anne-la-Palud devient tous les ans un petit village de toile pour commémorer une fête très ancienne qui avait lieu dans une chapelle recouverte par la mer au Moyen Age et remplacée par l'édifice actuel.

La première chapelle a été construite au 6e siècle. Son nom indique bien l'endroit de son édification: Palud, qui vient du latin paludem, le marais. Autrefois en effet, les dunes de sable actuelles n'existaient pas encore. Le vieux chemin qui longe la grève s'appelle toujours Hent Santez Anna gollet, le "chemin de Sainte-Anne perdue". C'est par ce chemin qu'on accédait à la première chapelle que saint Gwénolé fit construire aux alentours de l'an 500 sur ordre du roi Gradlon. Après que la ville d'Is fut engloutie par les flots, la mer gagna du terrain au fil des siècles. La première chapelle disparut.

Quand cela s'est-il produit? On l'ignore, de même que les circonstances exactes de la catastrophe. Une tradition dit que les sables se sont avancés dans les terres, peu après la mort de sant Kaourintin bihan, le "petit saint Corentin". Mais ce dernier est ignoré de l'Histoire. Le seul Corentin qui soit connu est l'évêque de Quimper, contemporain de Gradlon.

La première chapelle a dû disparaître après le 9e siècle, car la deuxième a été construite dans un style ancien. Une troisième chapelle lui a succédé, dont certaines pierres portaient les dates de 1230, 1232 et 1419. Cette dernière chapelle a été construite entre 1863 et 1866.

Des milliers de personnes assistent au pardon le dernier dimanche d'août. La fête commence le samedi soir et, la nuit tombée, une procession aux lumières, appelée la procession des miracles, se déroule sur la dune. Quiconque a vu sa prière exaucée par sainte Anne y porte un cierge allumé. Des centaines brillent dans l'obscurité. Autrefois, dans les grands périls, on promettait à la sainte un cordon de soie dont la longueur représentait le périmètre de la chapelle.
Le lendemain, la messe est chantée à l'extérieur, accompagnée de cantiques bretons au son du biniou:

Nep ne gar ket amm ar Werc'hez,
Deus Breiz-Izel n'eo ket hennez.

Celui qui n'aime pas la mère de la Vierge,
Celui-là n'est pas de basse Bretagne.

Anatole le Braz écrivit dans "Au pays des pardons":

"Nulle fête n'est comparable à celle de la Palud, et celui-là ne sait point ce que c'est qu'un pardon qui n'a pas assisté, sous la splendeur du soleil béni, aux merveilles sans égales du pardon de la mer."

L'autre grand lieu de célébration de sainte Anne est Sainte-Anne-d'Auray.