Chapelle de l'Arc'hantel
Sainte-Marie de l'Arc'hantel, située près de la mer, était très vénérée jadis. On trouve d'autres chapelles sous le même vocable en Bretagne.
L'origine du nom est discutée : ange d'argent (arc'hant eal) ? Ce serait plûtot : archange. On remarque, en effet, que toutes les chapelles bretonnes "Arc'hantel" étaient dédiées à la Vierge de l'Annonciation ou à l'archange Gabriel.
Comme toute chapelle, celle de l'Arc'hantel en Plougoulm avait son " gouvernement ", son "bénéfice simple". Ce titre était assez commun en Basse-Bretagne pour désigner les chapelles bâties par les aumônes publiques et sans fondateur particulier. Comme gouverneur de la chapelle, bâtie sans doute au 15e siècle, on trouve :
- en 1579 : Charles Barbu, sieur de Lannorgant, chantre de la cathédrale de Léon ;
- en 1599 Hervé de Launay, chanoine de Léon ;
- en 1641 François de Visdelou, chanoine de Cornouaille puis évêque de Léon en 1665 ;
- en 1786 : Botheul de la Bretonnière, chanoine de Vannes.
Ces hauts personnages donnent une idée de l'importance de la chapelle.
Évoquons seulement l'un d'eux. M. Visdelou de Bienassis, venant de Cornouaille, avait été nommé gouverneur de "Sainte-Marie de l'Arc'hantel". De là, il fut appelé, en 1667, à l'évêché de Léon. Le prélat reçut à Saint-Paul-de-Léon un accueil triomphal. En voici le cérémonial : "Le syndic fera faire un escusson pour mettre à la porte par laquelle Monseigneur entrera en nostre ville et à celle du palais épiscopal, lui fera compliment, il présentera le vin de la ville, àvec le plus grand honneur que faire se pourra, et à la dicte fin préparera six beaux bassinets d'argent, remplis des meilleures confitures qu'il pourra trouver et que le dict syndic délivre aux douze caporaux de la ville le nombre de soixante livres de poudre, pour estre distribuée entre six-vingts (120) des meilleurs mousquetaires... "
La chapelle de l'Arc'hantel jouissait de revenus consistant en une maison avec terre rapportant 250 livres par an au titulaire. En 1786, le revenu était de 324 livres. Les charges spirituelles consistaient en deux messes basses par semaine et une le dimanche, à la chapelle même. C'est la première fois que nous trouvons la mention d'une messe le dimanche dans une chapelle ; ainsi donc, les gens du hameau surtout pouvaient suivre leur messe dominicale, non à l'église, mais dans leur chapelle, celle-ci était d'autant plus chère qu'elle avait été bâtie par les aumônes des paroissiens.
La chapelle est tombée définitivement en ruines en 1837. Il en reste comme vestige un pan de mur et une fontaine dont l'eau est si claire que les Roscovites ont eu l'intention de la capter pour s'en alimenter. L'emplacement de la chapelle est cultivé : de la terre, on a retiré deux crânes et quelques ossements qui ont été transférés au cimetière. Des personnages de marque avaient été inhumés, avant la Révolution, dans cette chapelle. Elle a laissé une trace : le nom actuel du hameau. "Arc'hantel" "Ar C'hantel". "Le Cantel".
(Récit extrait de "Plougoulm et son histoire", de Cécile Grall)