Chapelle Saint-Babu

Cette chapelle, sise au hameau de Kerbabu, aurait autrefois été dédiée à saint Tugdual, qu'on appelait Pabu. C'est aujourd'hui le sanctuaire de Saint-Laurent-du-Pouldour ("du trou d'eau").

L'eau de la fontaine guérirait les rhumatismes. Au siècle dernier, les pèlerins faisaient le tour du cimetière à genoux avant d'aller sous l'autel qui a la forme d'un four pour rappeler le supplice subi par saint Laurent. Les hommes se baignaient ensuite, entièrement nus, dans la source. Tout au long de la nuit se tenaient des tournois de lutte entre les paroisses voisine, des danses, des libations et des récits rapportés par des conteurs.
Le soleil une fois levé, ce furent les femmes qui se baignaient dans l'eau sacrée. Il ne falait en aucun omettre de réciter la phrase suivante: Sant Loranz hon preservo hag a lammo diganeomp ar boan izili (saint Laurent nous préservera de la maladie des membres et nous l'ôtera).

Ce rite n'était forcément pas du goût du clergé qui tenta vainement de le supprimer. C'est alors que le maire promulgua l'arrêté suivant:

" L'an 1855, et le 10 août, Vu par Nous, Maire de la commune de Plouégat-Moysan, les lois qui nous confient le maintien du bon ordre,
" Vu que les luttes nocturnes qui ont lieu dans les environs de la chapelle Saint-Laurent la nuit du 11 au 12 août qui précède la fête patronale sont devenues l'occasion des plus hideux désordres et demandent l'intervention du bon ordre et de la police,
" Vu que l'habitude de certains habitants de la commune et étrangers de se mettre tout nus sous le jet d'eau de la fontaine de saint Laurent répugne à nos moeurs et porte atteinte à la pudeur publique,
" Considérant que, pour mettre fin aux excès de tous genres, qui font aujourd'hui la célébrité du pardon de saint Laurent, il est nécessaire que les cabaretiers se conforment rigoureusement aux règlements et arrêtés en vigueur, avons arrêté et arrêtons:
" Art. 1er. - Les luttes nocturnes dans les environs de Saint-Laurent à l'occasion de la fête patronale sont à jamais interdites;
" Art. 2. - Quiconque s'aviserait à l'avenir de blesser la pudeur publique en étalant des nudités sous le jet d'eau de Saint-Laurent, serait poursuivi conformément aux lois;
" Art. 3. - Toutes les tentes dressées aux abords de Saint-Laurent à l'occasion du pardon seront fermées à l'heure ordinarie de la fermeture des cabarets.
" Fait et arrêté en mairie le 10 août 1855.
" Signé: Y. LE BOUGEANT

Cependant, il faut noter que cet arrêté ne fut guère respecté!