Chapelle Saint-Trémeur

Saint-TrémeurLa construction de la chapelle de Saint-Trémeur commenca en l'an 1538 sous l'égide de Jacques de Saludem, Seigneur du Manoir de Kérazan, et de Marie de Liscoët son épouse qui était très pieuse. La première pierre fut sans doute posée le dimanche avant la fête du Saint-Esprit de l'an 1538 comme l'atteste la fresque gravée sur la façade sud de la chapelle.

L' achèvement de la construction (et sans doute son agrandissement) se fit sous l'égide de Jean de Tréanna, Seigneur de Kéraza, et de son épouse vers 1610.

La légende dit que le Seigneur de Kérazan fit la promesse à Dieu de construire une chapelle si sa fille, qui naviguait au large du Cap Sizun par grosse tempête, s'en sortait saine et sauve.

Cette prière se réalisa et la chapelle Saint-Trémeur fut construite.

Cette légende expliquerait, peut être, les références à la mer que l'on trouve dans les nombreux éléments de décorations tant sur la pierre que sur les boiseries intérieures, notamment sur la fresque latérale.

Au temps des incursions du brigand La Fontenelle dans le Cap Sizun, durant les guerres de la Ligue, apprenant sa venue à Pont-Croix, le trésorier de la fabrique, le "sieur de Trouguennour" du village de Kerfeurguel, avait été vu, la tranche sur l'épaule, s'en allant par les chemins pour cacher et enterrer les croix de saint Trémeur.

Comme le pauvre sieur de Trouguennour fut tué les jours suivants au siège de Pont-Croix et on ne put jamais savoir où se trouvait la cachette.

Il semblerait que La Fontenelle ait utilisé la chapelle comme écurie pour ses chevaux lors de son passage dans le Haut Cap Sizun.

La lutte des prêtres réfractaires, la lutte contre les déserteurs, la lutte pour faire renter dans les magasins de la République les produits de la terre, tels furent les grands traits de la Révolution dans le Cap Sizun. Mais la persécution des prêtres fidèles ne fut que l'une des épisodes d'une lutte plus large et plus profonde dirigée contre toute la religion révélée et particulièrement contre la religion catholique. Un autre épisode était la fermeture des chapelles et de nombreuses églises.

Pour se conformer à la loi du 22 Juillet 1791 et à l'arrêté du département du 6 janvier 1793, la municipalité de Cléden ordonne, le 3 Mars 1793, " que les portes des chapelles de Saint-They, de Saint-Tugdual,de Saint-Trémeur et de Sainte-Croix (Notre-Dame de Langroas) seront fermées et que les clefs seront déposées à la municipalité pour y être trouvées aux besoins, et remises aux fabriques et aux prêtres de cette commune lors et quand il sera nécessaire ", " ordonne en outre aux fabriques des dites chapelles d'envoyer dès les premiers jours les effets, argenteries, et autres objets inventoriés qui sont en leur demeures ou dans les dites chapelles pour être déposés dans les armoires des églises paroissiales ou autres dépôts jusqu'à nouvel ordre ".

Les paroissiens mécontents, firent pression sur le conseil de Cléden pour que l'on rende au culte les chapelles de Saint-Tugdual et de Langroaz.
Celui ci en référa au District de Pont-Croix qui répondit le 27 Messidor an III (15 juillet 1795) " que la loi n'accorde à chaque commune que l'église paroissiale pour l'exercice du culte, que d'ailleurs les dites chapelles sont en vente et que, par conséquent, il n'y a pas lieu de délibérer à ce sujet ".

Les biens ecclésiastiques étant déclarés biens nationaux, le directoire du district de Pont-Croix décréta le 14 Germinal an II (3 avril 1794), que " toutes les chapelles supprimées, tous les presbytères non habités par les prêtres, ainsi que tous les immeubles des prêtres insermentés seront estimés ".

Pour obéir à la loi Noël Bourdon, maire de Cléden, avait passé un marché avec Le Goff de Pont-Croix, le 22 Floréal an III (11 mai 1795), pour faire disparaître les fleurs de lys et autres signes de royauté et de féodalité dans l'église et les chapelles de Cléden, les écussons en pierre furent ainsi piqués, enlevés ou détruits.

Pendant la révolution, la chapelle Saint-Trémeur servi d'écurie aux chevaux des soldats Garde-Côtes et elle fut vendue comme bien national.
Elle fut acquise par Rozen de Kerfeurguel, le 9 Termidor an III (le 04 août 1795), pour la somme de 650 livres, sur une mise à prix de 350 livres, après estimation faite le 14 Floréal (3 mai) par Mathieu Thalamot et le sieur Guezno. Le mobilier comprenait des vêtements sacerdotaux et quelques linges de messe. La vente du mobilier ne rapporta que 9 livres et 10 sous.

Toute les cloches des chapelles de Cléden furent transportées aux magasins de Brest sur le brigantin l'espérance de l'île d'Yeu. Pierre Coquet se chargea du transport des cloches jusqu'à Audierne pour la somme de 54 livres.

(Texte : Noel Peuziat, la chapelle Saint-Trémeur)
(Photo : Audierne et le Cap Sizun)