Chapelle Notre-Dame-de-Rocamadour (1527)

En 1183 fut fondée la première chapelle de Camaret en l'honneur de N.-D. de Rocamadour. Il semble qu'elle ait été édifiée par l'abbé de Daoulas qui, pèlerin de Rocamadour, avait assisté Henri au Court-Mantel à sa mort. C'était soit l'abbé Guillaume (1180-1199), soit son prédécesseur.

E. Albe publia, le texte, extrait des Archives du Vatican, d'une Bulle du Pape Grégoire XI, originaire de Cahors. Ce pape fut le dernier à Avignon, et le dernier en date des papes français. Dans cette lettre, il accorde des indulgences à toute personne qui aiderait de ses deniers "à la réparation d'une chapelle du Diocèse de Quimper, sur le territoire de la Paroisse de Camaret, dédiée à la Bienheureuse Vierge Marie, sous le vocable de Rocamadour", en latin Rupeamatoris, le même nom qui désigne en latin le Rocamadour du Quercy.

Or, cette Bulle est datée de 1373. La chapelle de 1183 semble donc se trouver délabrée en 1373.

La chapelle ruinée en 1373 fut sans doute reconstruite, puisque le Pape lui-même s'en occupa. En 1527 fut fondée une autre selon l'inscription en caractères gothiques encastrée dans le mur de la chapelle actuelle, à gauche de l'entrée du fond. On lit sur cette pierre de granit noir: "L'an 1527 fut fonde la chapelle Nre Dae Roc", "Nre Dae" étant sans aucun doute l'abréviation de "Notre Dame".

Cette chapelle de 1527 a peut-être été ruinée en 1597, année où à deux reprises des combats eurent lieu autour de la chapelle entre les vaisseaux du brigand La Fontenelle et ceux du Gouverneur de Brest, Rieux de Sourdéac.

Sur la travée nord au haut de la nef, on lit la date de 1610. Au-dessus des deux dernières travées du fond, on trouve les dates de 1647 et 1648; à la base du clocher 1657, plus haut 1683. Ces cinq dates, à l'époque, sont normales pour les délais de construction d'une église, le chevet étant construit d'abord, le portail et le clocher pour terminer.

Le 26 décembre 1402, Jeanne de Navarre, petite-fille d'Henri Il et d'Aliénor, s'embarque à Camaret, où était venu l'attendre son futur époux Henri IV, duc de Lancastre, sans doute pour diminuer le trajet maritime, mais on peut supposer qu'elle voulut, avant de quitter son pays, invoquer Notre-Dame de Rocamadour, dévotion de famille pour elle.

Au 15e siècle, les pirates et les brigands attaquaient les navires marchands faisant escale, comme le dit la Bulle de Paul Il, pour piller les cargaisons.
A deux reprises, en 1597, il y eut des combats autour de la chapelle entre La Fontenelle et Sourdéac.
Cent ans plus tard, en juin 1694, une flotte anglo-hollandaise composée de 147 vaisseaux vient mouiller sur rade devant Camaret. Le 18 juin, dans des chaloupes, 1300 soldats débarquent au Sillon et à Trez-rouz en face. La Tour de Vauban, qui n'avait pas encore son toit mais possédait des canons, les batteries côtières, ripostèrent aussitôt, ainsi que les soldats du Roy et les miliciens camarétois. La marée descendant entre-temps, les plages retinrent les chaloupes au sec. Les assaillants furent tués ou fait prisonniers. Les gros vaisseaux ennemis se replièrent vers la Manche où une tempête les décima.
Au cours de la bataille, selon la tradition, un boulet décoiffa la flèche du clocher de Rocamadour. Elle est demeurée en l'état, en souvenir de ce grand jour.
Une légende raconte que Notre-Dame apparut au fort du combat et renvoya le malencontreux boulet sur le vaisseau coupable, qui coula.

Une toile, attribuée à Charles Cottet, à gauche du choeur, représente les femmes de Carnaret se lamentant devant les ruines fumantes de leur chapelle incendiée en 1910.
Aussitôt un mouvement de solidarité souleva les Camarétois. Un comité de restauration se forma sous la présidence du poète Saint-Pol-Roux alors établi à Camaret. La charpente fut refaite par François Keraudren, constructeur de navires, en forme de coque renversée.
Le grand Christ en bois, en face de la chaire, est l'ancien Christ du cimetière.
Tout ce qu'il y avait de bois dans la chapelle fut brûlé. Cela explique aussi que les statues actuelles, y compris celle de Notre-Dame, ne sont que ce qu'elles sont. Le maître-autel de style baroque est celui de l'ancienne église Saint-Rémy. Des bouées de sauvetage et des modèles réduits de navires y sont suspendus en ex-voto. Avant les sirènes, on sonnait la cloche de Rocamadour en cas de brume.
Une statuette de la Vierge, du 18e siècle, dite "Vierge de Calais", a été offerte en ex-voto par un capitaine de Calais, sauvé d'un naufrage eu 1728. Elle existe toujours.

Les plafonds de la chapelle conservent des blessures par balles de mitrailleuses reçues lors des combats de libération de la Presqu'île, en 1944, les Allemands fuyant Brest, s'y étant réfugiés.