Chapelle Saint-Léonard

Edifiée au 16e siècle par la fabrique, la chapelle Saint-Léonard se dresse sur un chauchix proche du Bourg-Neuf. Lors des conflits de la Ligue, dans la dernière décennie du 16e, la chapelle Saint-Léonard souffrira considérablement des passages de troupes pour lesquelles le chauchix Saint-Léonard constitue un campement intéressant. Exposée aux déprédations, fortement endommagée lors du siège de la place par Saint-Laurent en mars 1591, elle sert alors de cimetière : on y enterre 17 cavaliers légers dont deux capitaines. Des réparations sont apportées peu après, mais elle est à nouveau endommagée lors du siège de Mercoeur en 1593 : la porte et le coffre sont rompus, les vitraux endommagés, la cloche brisée. Aussi, un pan de l’édifice doit être relevé et l’autel flanqué de bancs de pierre, alors que de nouvelles inhumations sont réalisées en 1595 concernant deux soldats et l’enfant d’un autre.

Une longère est ajoutée en 1599 à la chapelle qui est pourprie et blanchie. De nouveaux aménagements intérieurs sont apportés, ainsi que la restauration du vitrail par Nicolas Trobert, vitres à nouveau endommagées par la tempête de 1612. A partir de 1632, la longère devançant la chapelle est refaite, puis le pignon du haut portant la grande vitre et le clocher d’où une cloche est tombée. La grande vitre est réparée par Mathurin Mahé, qui repeint également le crucifix et ses personnages, les images de Saint-Léonard, Saint-Jean l’Evangéliste et Saint-Louis puis Saint-François et Saint-Antoine de Padoue ; travaux jugés insuffisants par l’évêque qui, lors d’une visite en 1659, réclamera de nouveaux aménagements : lambris, autel portatif, images (à réparer et à étoffer), remplacement des murettes précédant le choeur par une balustre en bois. Les deux autels, jugés inutiles et indécents, doivent quant à eux être détruits. En 1662, l’hôpital jouxtant la chapelle est confié avec l’hôpital Saint-Jean aux soeurs de Saint-Thomas de Villeneuve. Les bâtiments de l’établissement, jugés exigus, comportent une petite maison de deux chambres, grenier et jardin. La chapelle possède depuis 1667 un vitrail divisé en deux panneaux. Le premier représente Saint-Léonard et le second un crucifix. Les donateurs, Pierre Goujon et Jean Gicquel, tous deux trésoriers de la fabrique, sont représentés en prière avec la mention « Pierre Goujon et Jean Gicquel priez Dieu pour eux ».

En 1723, le comte de Toulouse fait don à la communauté de Saint-Thomas de Villeneuve du chauchix Saint-Léonard afin de leur permettre d’agrandir les établissements hospitaliers. Et comme ces travaux prévoient la démolition de la chapelle, la communauté de la ville requiert des soeurs le procès-verbal, à leur frais, des lieux, « armoiries et droits honorifiques dont il peut se trouver des monuments ; et parce que les armes de Monseigneur le comte de Toulouse seraient placées dans les lieux les plus éminents ». L’enregistrement des lettres patentes accordées aux dames de Saint-Thomas de Villeneuve, rappelle que la chapelle Saint-Léonard est reconnue propriété de l’église Notre-Dame. Le lundi 17 mars 1738, la communauté de ville dresse le procès-verbal de l’état de la chapelle avant sa démolition en présence de la supérieure, dame Radegonde-Gendrot : « Quarante-neuf pieds (env. 16 m.) de long et dix-neuf (env. 6m.) de large, pour neuf pieds (3 m.) de hauteur sous la charpente lambrissée séparée en deux par une balustrade sculptée sur un petit muret comportant un passage, un treillage de bois et une fenêtre la séparant de l’appartement situé au bout. Une porte principale, une autre au bout donnant sur le Chauchix, menant à une tribune. Une grande vitre en deux panneaux peints représentant le crucifix et l’autre Saint-Léonard, datés de 1567 : Pierre Goujon, Jean Gicquel, estoient trésoriers de Notre-Dame de la Porte de Saint-Mathurin me firent faire le reste de la vitre ainsi que celui de l’autre fenêtre étant en verre blanc. Bâtiment vétuste menaçant ruine ». Des conflits apparaissent avec le nouveau syndic, M. Loncle de Launay, lorsqu’en mai 1750 la supérieure de l’hôpital fait procéder à des travaux sur la chapelle sans avoir préalablement sollicité l’accord de la communauté et de la fabrique dont dépend l’édifice.

Avec la période révolutionnaire, l’édifice est officiellement fermé au culte ; en avril 1792 cependant les gardes nationaux dispersent un attroupement qui s’était formé à la porte de la chapelle de l’hôpital pendant la messe. En 1793 le mobilier des chapelles est transmis au représentant du peuple Dayot, à Loudéac, sinon brûlé. Au tout début de l’année suivante, la cloche est descendue pour être, avec celle de Saint-Michel et la petite de Notre-Dame et Saint-Mathurin, fondue afin de convertir le bronze en pièces d’artillerie.

La chapelle est reconstruite en 1825-1826. Ainsi une chapelle Saint-Léonard, bien différente de l’édifice primitif, est aujourd’hui englobée dans la maison de retraite appartenant aux soeurs de Saint-Thomas de Villeneuve.

(Merci à Bertrand L'Hôtellier pour ses recherches et la mise à disposition de son manuscrit)