Chapelle des Sept-Saints (1708)

Chapelle des Sept-SaintsAutrefois, le clergé de Pluzunet se rendait annuellement en procession à la chapelle des Sept-Saints, le jour du pardon de cette église. Cette habitude reposait sur un fait historique, en effet "tandis que l'on construisait la chapelle des Sept Saints, de 1704 à 1714, un paroissien de Pluzunet s'introduisit à l'endroit où les fidèles déposaient des offrandes destinées à acquitter les frais de cette construction, et déroba un sac de blé. Et c'est en expiation de cette faute d'un des leurs que le clergé de Pluzunet consenti à faire annuellement une procession aux Sept Saints".

La chapelle a été classée en 1955 et restaurée en 1970. L'emplacement est dénommé "Stiffel" qui signifie "Fontaine dont la source sort d'un rocher et est ordinairement accompagnée d'un lavoir". Cette caverne est jumelée à une source où l'eau sort d'une pierre horizontale à sept trous disposés en triangle. Or coïncidence troublante, près de Sètif, en Algérie, se trouve une fontaine où l'eau destinée à la ville sort d'une pierre verticale à sept trous disposés en triangle (comme aux Sept-Saints) et où sont les sept piliers fatimiques des Sept Dormants de la religion musulmane.

On retrouve souvent en Bretagne ces fameux Sept Saints, qui varient d'ailleurs d'une région à l'autre. Dans ce cas précis, ils sont assimilés aux Sept Dormants d'Ephèse, ce que nous rapporte la Légende Dorée de Voragine.

En 252, sept fonctionnaires du palais impérial, Maximien, Malchus, Martien, Denis, Jean, Sérapion et Constantin, trouvèreent refuge dans une grotte près d'Ephèse pour échapper à l'obligation de sacrifier aux idoles. Malheureusement pour eux, l'empereur Dèce eut vent de leur cachette et les fit emmurer.

En 448, des ouvriers découvrirent la grotte et, miracle, les sept saints n'étaient pas morts: ils dormaient seulement. Or, à la même époque eut lieu un concile où la doctrine de la Résurrection faisaient l'objet de vives discussions et semblaient en perte de vitesse. Ce miracle vint à point nommé pour rétablir la vérité. Puis, les saints se rendormirent, cette fois pour toujours.

Ce récit n'a étrangement aucun rapport avec quelque tradition celtique que ce soit. Ces Sept Dormants d'Ephèse sont également vénérés par les musulmans. Et le bourdon de la chapelle vient de la cathédrale d'Alger avant que celle-ci ne fût transformée en mosquée.

La chapelle a été édifiée sur un dolmen. La dalle de recouvrement du mégalithe se trouve au croisillon droit. Les deux pierres qu'elle soutient et la pierre qui constitue le fond du dolmen sont enserrés par la maçonnerie de l'édifice. On raconte que les sept statuettes disposées sur l'autel auraient été trouvées lors des fouilles du dolmen. A la lecture des noms se trouvant sur leur plaquette, il est curieux de constater que Malchus ait été remplacé par Marc.

A proximité du dolmen coule une source à travers sept trous.

Lorsque le pardon est célébré tous les ans, on chante la Complainte des Septs Saints dans la paroisse de Plouaret (Gwerz ar seiz sant e parrez Plouaret):

Je vous parle d'un ouvrage qui n'a pas été fait de main d'homme ...
Dans l'évêché de Tréguier, dans la paroisse du Plouaret, l'Esprit Saint a élevé une chapelle, sans chaux, sans argile: celui qui vient la voir verra que c'est la vérité.
La chapelle n'est formée que de six pierres: quatre rochers servent de murailles et deux autres de toiture. Qui ne comprendrait que seul le Dieu Tout-Puissant a pu la bâtir?
Vous me demandez peut-être quand et comment elle fut bâtie: et moi je réponds que je crois que quand furent créés le monde, le ciel, la mer, la terre, elle fut aussi bâtie.
En cette chapelle, Chrétiens, sont priés les Sept Saints. C'étaient sept frères de qualité, gens sages, hommes sensés, sept serviteurs de Dieu quand ils étaient sur terre, sept défenseurs pour nous maintenant qu'ils sont dans la gloire.

Dans ce cantique, il s'agit de frères. Le culte des Sept (parfois même Neuf) Frères apparaît souvent en Bretagne.