Chapelle Saint-Michel
Elle se trouve sur l'îlot de même nom et n'est accessible qu'à marée
basse.
Si l'on en croit la légende, de nombreux bateaux auraient sombré dans les
parages de l'îlot, qui aurait servi de lieu de sépultures. Le rescapé d'un naufrage
aurait fait voeu de piété et aurait commandé la construction d'un oratoire.
D'après les recherches de l'historien J.P. Le Gal la Salle, la chapelle Saint-Michel de
"La Roche au Nay" aurait été fondée à une date inconnue par les moines
cisterciens de l'abbaye de Saint-Aubin des Bois (Plédéliac), qui possédaient sur la
garenne d'Erquy, l'établissement et le fief de la Moinerie. Au cours du 13ème siècle,
l'abbaye était devenue le plus grand propriétaire foncier et féodal d'Erquy, après le
comte de Penthièvre. Les moines utilisaient à cette époque les pêcheries autour de
l'îlot.
1249 : à cette date, le testament d'une riche propriétaire locale nommée Haîssa, qui léguait 12 deniers à l'église de la "Roche au Nai", faisait mention de la chapelle. L'ilot est propriété publique de la commune.
1640 : les différents recteurs de l'époque se plaignaient que les quêtes de la chapelle Saint-Michel revenaient uniquement aux moines.
Au 18e, comme l'édifice tombait en ruine, les moines se virent contraints de
célébrer la messe entre deux rochers, à l'abri d'une voile de bateau. Le
recteur écrivait :
Il y a une chapelle sous l'invocation de Saint-Michel à 3 quarts de lieue du bourg,
bâtie sur un rocher avancé dans la mer qui, par le reflux couvrant le passage, oblige
les moines Bernardins, qui s'en disent seigneurs, à dire la messe tous les ans, le jour
de la saint Michel, sur la grève dans un coin de rocher, couvert d'une tente (...). Ce
qui met en grand danger d'accident le Saint Sacrifice. Ce dont Monseigneur informé,
défendit qu'on célébra la messe sous la dite tente, néanmoins elle a toujours été
continuée dans ce même lieu par les dits religieux.
Les rochers de ce lieu ont été par la suite appelés "les roches
prêcheresses".
Au début du 19e, un prêtre de Saint-Aubin voulu s'y installer comme ermite. Malheureusement pour lui, le curé d'Erquy s'y opposa.
1879 : les paroissiens d´Erquy s´émurent de l´état de délabrement du sanctuaire et cherchèrent un financement pour sa reconstruction. Le 21 mars 1880, le conseil municipal d´Erquy prenait connaissance d´une lettre du préfet des Côtes-du-Nord : Je n´ai trouvé aucune indication sur la nature de cette chapelle qui n´a sans doute aucun titre officiel. La dépense de sa construction ne peut incomber à la commune ni même constituer une charge obligatoire pour la fabrique. Fort de cette information, le conseil municipal déclarait : Qu´il ne voit aucun obstacle à ce que la fabrique fasse opérer la reconstruction (...) avec ses fonds libres et avec ceux provenant de dons ou souscriptions particulières ; la commune ne pouvant, en aucun cas, s´engager dans la dépense à faire. Le même jour, le conseil autorisait la fabrique, pour les besoins de construction, à extraire le sable et les pierres sur les lieux.
1881 : sur les plans de l'architecte briochin, Jules Morvan, la chapelle est reconstruite et inaugurée avec bénédiction le 9 octobre 1881.
1939-1945 : durant l'occupation allemande, les abords de l'îlot sont rendus difficulles en raison du minage des dunes et de la plage. C'est en effectuant des tirs d'artillerie d'entraînement qu'un obus allemand percuta le clocheton de la chapelle et le fit s'écrouler. Il fut reconstruit après la guerre, et le culte avec son pardon put enfin reprendre.
1948 : cette date annonçait le dernier pardon de la chapelle et son abandon progressif par les fidèles. Elle fut ensuite utilisée par les pêcheurs pour s'abriter en cas de mauvais temps. Le mobilier, la porte et la statue de saint Michel allaient disparaître.
1987 : le coup de vent du 27 octobre 1987 fit tomber à nouveau le clocheton. L'archange saint Michel eut les ailes brisées. Cependant, la municipalité de l'époque fit réparer aussitôt les dégâts. La chapelle aurait servi d'abri pour les pêcheurs à pied.
2002-2003 : la chapelle est entièrement rénovée par une équipe de
bénévoles, réunie en association "Les amis de la chapelle Saint-Michel", avec
le soutien financier du Conseil général des Côtes d'Armor, du Conseil régional de
Bretagne, de la municipalité d'Erquy et de la fondation Langlois. Renouant avec la
tradition, le renouveau du pardon de saint Michel s'est déroulé le 29 septembre 2003
avec une messe dite en plein air et une procession rassemblant près d'un millier de
personnes.
Durant les années 2002-2004, une équipe de bénévoles va réhabiliter la chapelle
Saint-Michel, en acheminant 15 tonnes de matériaux au sommet de l'île. Un doris,
embarcation traditionnelle, sera utilisé pour l'occasion
Une légende raconte que ce petit îlot était autrefois rattaché au littoral et met en scène l'archange saint Michel et le diable. Saint Michel était poursuivi par ce dernier jusqu'à la pointe de l'île. Pour se débarrasser de son poursuivant, il frappa le sol du pied pour former ainsi une entaille au travers de laquelle la mer put s'engouffrer, entraînant par la même occasion le diable avec elle. Depuis, les rochers prirent leur couleur rougeâtre.