Chapelle de La Magdeleine

La chapelle fait partie d'une ancienne maladrerie. Elle est dédiée à Marie-Magdeleine. Sa fondation fait l’objet d’une légende rapportée en 1840 par l’abbé Duhamel : « Si l’on en croit une tradition populaire, cette chapelle a été bâtie par suite d’une apparition de Sainte-Magdeleine, qui révéla qu’il avait existé jadis une chapelle dans ce lieu, et désigna une certaine pierre qu’elle recommanda bien de ne pas oublier de mettre dans la nouvelle chapelle qu’elle ordonna de lui bâtir ».

En 1190, le prieuré de La Magdeleine est confié avec ses dépendances à l’abbaye de Sainte-Croix de Guingamp ; la bulle de Clément III rédigée à cette occasion mentionne l’église de La Bienheureuse Marie-Madeleine : « ecclesiam Beate Marie Magdeleine juxta Montem Consularem cum omnibus appenditiis suis ». La chapelle a livré la preuve de son ancienneté avec la découverte en 1868 d’un petit ensemble monétaire comprenant des monnaies datant du 9e au début du 13e, accompagnées d’une matrice seigneuriale appartenant à la famille de Maroué. Une étude approfondie permet de le dater du tout début du 13e.

Le prieuré de La Magdelaine fait l’objet en 1256 d’un échange avec celui de La Roche-Derrien, appartenant à l’abbaye Saint-Melaine de Rennes, par lequel Hervé de Launay, abbé de Saint-Melaine, permet aux deux prieurés d’être situés davantage à proximité de leur abbaye respective.

Le développement des échanges commerciaux permet l’établissement d’une foire qui se tient traditionnellement le 22 juillet dans toute la prairie de La Magdeleine et des Grands Moulins.

Au lendemain des guerres de la Ligue (1590-1598), le retour des maladies infectieuses provoque le développement du culte des saints thaumaturges et des pèlerinages. A cette époque, outre le culte de sainte Madeleine, la chapelle propose au culte des saints guérisseurs, représentés par des statues en bois polychrome, qui sont probablement l’oeuvre d’un artiste ou artisan local. Leur rôle de guérisseur s’accorde avec la fonction de l’établissement : ainsi Yvertin guérit des maux de tête, Houarniaule protège les troupeaux, Mamert guérit des coliques, Clair et Lubin guérissent des maux d’yeux.

Lors de la procession annuelle de Moncontour, le cortège passe désormais par La Magdeleine pour gagner Notre-Dame-du-Haut puis Saint-Cast. Hormis celles des seigneurs des Granges, il ne semble pas qu’il y ait eu d’inhumations dans la chapelle, contrairement à ce qui se faisait dans biens des chapelles de la région de Moncontour ; du moins n’en est-il fait aucune mention dans les archives qui nous sont connues. Une nous est néanmoins signalée dans l’état civil de 1719 : Louis Bourde, décédé à la métairie du Bas-Bourg le 20 août 1719, est inhumé dans la chapelle de La Magdeleine le 22 par François Guillaume Poulain, recteur de Trédaniel ; mais sans doute s’agit-il d’un membre de la famille propriétaire des Granges.

La chapelle est indépendante du Conseil de Fabrique. L’abbé Duhamel ne trouve « le nom de cette chapelle qu’une seule fois dans les comptes des Trésoriers ; c’était en 1744, pour une garniture de cierges. Cependant d’après une délibération de 1762, il paraît qu’elle appartenait à des Seigneurs particuliers, et de mémoire d’hommes, dit-on dans cette délibération, « ses offrandes en tout ou en partie, ont tourné au profit de la fabrique et le général n’a jamais voulu y toucher » (textuel). Néanmoins en 1782 le Recteur versa au trésor 55 livres, produit des quêtes, dons et offrandes faites à la dite chapelle pendant les deux dernières années, et le Général délibère d’y nommer un Trésorier spécial, ce qui, dit-on, n’a pas eu lieu depuis longtemps. Cependant il ne le désigne pas, le nom est demeuré en blanc. En 1786 on voit que les deux chapelles avaient le même trésorier. Il n’est non plus, nulle part, fait mention de ses revenus. Tout ce que j’ai découvert à cet égard, c’est ce qu’en 1769, on prétendait qu’une certaine Péronnelle Chauvel avait fait une rente de trois livres à la Magdeleine, pour être mise dans la prière nominale ».

En septembre 1790, l’Assemblée Nationale limite à une seule paroisse les villes de moins de 6.000 habitants. Aussi, au début de l’année 1792, la communauté de Trédaniel choisit Notre-Dame du Haut pour unique lieu de culte. Le conseil municipal de Moncontour obtient en mars 1792 la fermeture de nombreuses chapelles dont celle de La Magdeleine.

La paroisse, contrainte en 1806 de choisir entre les deux chapelles de la Magdeleine et de Notre-Dame du Haut, préfère la dernière et « Mr de Trémargat, propriétaire des Granges et du fond sur lequel l’autre est située, l’a laissée tomber dans l’état où nous la voyons aujourd’hui » écrit l’abbé Duhamel en 1840.

La démolition des bâtiments paraissant inéluctable au début du 19e, la statue de sainte Madeleine est transférée dans l’église paroissiale où elle réside dans une niche en pierre alors que celles des saints guérisseurs sont placées dans la chapelle de Notre-Dame du Haut. La chapelle est détruite en 1823. En avril 1828 est réalisé le transport des pierres de La Magdeleine à Saint-Michel, où l’on construit l’année suivante une chapelle à l’emplacement de l’ancienne église. Les derniers vestiges de La Magdeleine disparaissent avec l’arasement de son emplacement en 1868.

(Je remercie chaleureusement Bertrand L'Hôtellier pour la mise à disposition de sa si riche documentation)