Chapelle de Kermanac'h
Le texte suivant est extrait du site de Claude Lacourarie qui a réalisé une étude approfondie sur la chapelle de Kermanach.
La
chapelle fut bâtie au bord de la route menant en France, à la fin du 15e siècle, par
les hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, bien avant que l'acte d'union de la Bretagne
à la France ne soit signé en 1532, sous François Ier.
Diverses restaurations lui ont permis d'affronter les années et d'avoir été classée
avec son enclos et son calvaire, monument historique le 19 octobre 1922.
Au cours des siècles, cette chapelle a été restaurée à plusieurs reprises. Plusieurs écrits permettent de vérifier les diverses évolutions.
En 1617 la chapelle possédait trois autels.
En 1867, dans l'Itinéraire général de la France, on pouvait lire que les panneaux de la tribune en chêne qui s'élevaient au bas de la nef, sur une voûte à nervures et à pendentifs étaient encadrés dans des motifs flamboyants contenants les reliefs des douze apôtres. Le maître autel, en pierre, " était décoré d'un retable en albâtre représentant, en une multitude de petits personnages portant le costume et l'armure du XVIe siècle, les principaux actes de la vie et la mort de Jésus Christ.
En 1708 elle fut réparée par Jean Morvan, maçon, Jean Cloarec, menuisier et Jacques An Moal, couvreur. Ils restaurèrent quatre fenêtres et refirent le reliquaire.
En 1854, la toiture fut refaite à nouveau ainsi que les lambris, par le conseil de la Fabrique afin de sauver l'édifice qui tombait en ruine.
En 1871, le toit délabré fut refait pour protéger l'intérieur de la chapelle et les statues qui se délabraient. Un recteur fit marcher la charité et l'édifice fut sauvé. L'intérieur aurait lui aussi eu besoin d'être restauré. Le jubé, en chêne, en fort mauvais état, surmonté des statues de Notre Dame et de saint Jean se trouvait le long du mur méridional et contenait douze panneaux montrant des apôtres sculptés dans des niches et était orné de deux corniches. Ces panneaux représentaient le Christ de pitié, six apôtres et le Christ en résurrection, Il fut transporté dans l'église Saint Pierre en 1883. Au milieu de la chapelle, un grillage orné d'un christ en bois et de la sainte vierge, séparait le chur de la nef.
En 1903, le magnifique retable en albâtre de 1617 fut vendu avec l'approbation de l'évêque et de la fabrique qui gérait et finançait les frais d'entretien de la chapelle.
En 1935, (Bulletin de la société d'émulation des Côtes du Nord ) il était noté que les lancettes de la maîtresse vitre étaient, à l'exception de quelques dais gothiques, veuves de vitraux ; mais son beau tympan renfermait encore des angelots semblables à ceux de Tonquédec bien que postérieurs de près d'un quart de siècle. On trouvait en supériorité une bannière des armes pleines de Bretagne, puis au dessous, quatre écussons :deux des armes pleines de Kermellec, un des armes pleines de Quénécan et le dernier des armes de la Boëssière avec lambel my-parti de Tournemine. Venaient ensuite les armes de Malte, celles de Plougras, puis du côté de l'épître les armes des La Boëssière et de leurs alliances et deux écussons des du Hallegouett, l'un de leurs armes pleines et l'autre my-parti du Bois. Enfin du côté de l'évangile, les armes des Quénécan et de leurs alliances.
Il est intéressant de noter que le dernier écusson des Quénécan est my-parti du Guesclin, armes que l'on voit sur le porche de la chapelle Notre Dame de Plélauff et qui sont celles de Lancelot Quénécan et de Marie du Guesclin, vivant encore en 1485 ; que les armes des du Hallegouett en alliance avec du Bois sont celles d'Yves du Hallegouett et de sa femme Jeanne du Bois fille de Jean Sr du Cozty, en Perros, qu'il avait épousé le 21 novembre 1491, et que la commande de la verrière devait dater de cette époque car ces familles avaient contribué à la construction de la chapelle afin de conforter leur implantation dans la région. Les nombreux écussons permettent de dater avec exactitude cette maîtresse vitre, avec rosace insérée dans une arcade en plein centre. Un écu my-parti de Plougras et Coatmen et divers écussons se trouvaient dans les autres verrières.
La chapelle est en cours de restauration : la grande rosace et quatre vitraux ont été restaurés en 1987, le mouton de la cloche (fondue en 1807 par Le Jamtel, fondeur à Lannion) a été consolidé par l'entreprise Bodet de Saint-Brieuc en juin 1997. Actuellement on procède à la réfection de la lourde couverture d'ardoises naturelles.