Chapelle Saint-Sébastien

Une chapelle de style gothique, dédiée primitivement à saint Fabien et à saint Sébastien, est érigée à Pléhérel, au fond d'un vallon boisé, sur l'emplacement d'un ancien édifice élevé par les Croisés à leur retour de Palestine.
Les habitants de la commune et des communes voisines participent à sa construction qui est achevée en l'an 1536.

Saint Sébastien est un des saints les plus évoqués dans les cas de maladies épidémiques et pour la guérison des plaies purulentes. Et c'est ainsi que cette chapelle voit défiler maints et maints pèlerinages de pauvres gens atteints de ces maux.
Au 16e siècle la ville de Lamballe est souvent ravagée par la peste. Les habitants font vœu d'aller processionnellement chaque année à la chapelle de Saint-Sébastien pour obtenir la cessation du fléau.
Deux pèlerinages ont lieu chaque année: l'un, dit la Saint-Sébastien d'hiver, le 20 janvier, où l'on vend à la criée des oreilles de porc à la sortie de la messe; l'autre, la Saint-Sébastien d'été, a lieu le second dimanche de mai.
La procession cesse pendant les Guerres de la Ligue, à cause de l'insécurité, mais est rétablie en 1599, pour durer jusqu'à la Révolution.

La chapelle est partiellement reconstruite en 1786.

Au moment où vont se dérouler les événements révolutionnaires, la paroisse de Pléhérel est gérée par l'abbé Jean Bouétard, prêtre estimé par toute la population.
Le 14 mars 1794, la Municipalité, sur ordre supérieur, fait dresser l'inventaire de tous les meubles et effets se trouvant dans l'église paroissiale et dans la chapelle de Saint-Sébastien. La femme Chalo, responsable de la chapelle, est chargée de son inventaire.
On y trouve:
Cuivre: 1 lampe, 1 bénitier, 1 tasse, 2 clochettes et 3 autres plus petites, 1 encensoir et sa navette.
Linge: 2 mauvaises nappes, 1 aube, 2 chasubles de toile peinte de peu de valeur et 1 noire, le tout mis au rebut.
Divers: 1 calice et sa patène, quelques mauvais chandeliers de fer valant tout au plus 4 à 6 livres, la boîte des saintes huiles en étain, 4 pans d'un dais avec Vierge dorée et la chape reçue de l'Administration.
Le 14 avril 1794, le citoyen Jean Brion de la Ville-Madeu est requis pour transporter à Lamballe les cloches de l'église et de la chapelle et tous les objets du culte en cuivre et autres métaux.
La chapelle de Saint-Sébastien est désormais fermée au culte.

En janvier 1795 les choses s'améliorent. Un arrêté autorise le libre et paisible exercice du culte.
Le 9 mai, le Conseil municipal décide que l'office sera de nouveau célébré en cette chapelle et invite chaque commandant des troupes cantonnées sur Pléhérel à y envoyer une patrouille pour y maintenir le bon ordre.

Depuis la Révolution, les choses ne vont plus pour la " fabrique " (ensemble des personnes chargées d'administrer les biens de la paroisse). Le budget de ladite fabrique est réduit et ne suffit plus à faire face aux dépenses d'entretien de l'église paroissiale et de la chapelle de Saint-Sébastien.

Le 15 février 1852, le Conseil municipal de Pléhérel constate qu'il est urgent de faire des réparations à la couverture de la chapelle de Saint-Sébastien et, pour aider à ces réparations, il se propose de vendre huit pieds de chênes existant auprès de ladite chapelle. Mais le 4 avril, la fabrique revendique la propriété de ces chênes, ce qui s'avère exact après examen des vieux documents exhibés.
En conséquence, le Conseil laisse le soin au clergé de disposer de ses arbres pour réparer lui-même la toiture de la chapelle. Rien n'est fait évidemment, faute d'argent.
La chapelle subit tout de même une restauration partielle en 1899, mais sa toiture en mauvais état se dégrade vite et la chapelle n'est bientôt plus que ruine.
En 1925, deux pardons sont encore célébrés à Saint-Sébastien, mais dans une chapelle dont la toiture est déjà fort délabrée.

Le 25 février 1928, la chapelle est inscrite au supplément d'inventaire des Beaux-Arts.

Les poutres maîtresses, sculptées de gueules de léopards, sont déposées en tas, puis brûlées durant l'occupation allemande.

Le 28 février 1968, le Conseil municipal déclare qu'il ne saurait être question de restaurer la chapelle de Saint-Sébastien, mais qu'il importe de sauver les pierres travaillées en les démontant et en les mettant à l'abri.

Le 28 mai, le Conseil maintient sa décision de ne pas restaurer la chapelle mais, soucieux de permettre aux bonnes volontés de se manifester de façon concrète, accepte de louer les ruines, pour une durée déterminée, à une Société légalement constituée, qui en prendra la charge et pourra ainsi effectuer son programme de restauration.
Le premier animateur d'une remise en état, entreprise d'abord par une équipe de jeunes, est l'abbé Biou, recteur de la paroisse. Les murs et les abords immédiats de la chapelle sont nettoyés: les ruines sont envahies par la végétation et en particulier par le lierre et les ronces.

En mai 1970, l'Association "Les Amis de Saint Sébastien" prend l'affaire en mains.

Une étude de reconstruction est entreprise en liaison avec le représentant régional des Monuments Historiques. Depuis 1972 tous les murs sont consolidés et rétablis dans leur intégralité.

Une grande partie des pierres sculptées a disparu. Quelques particuliers, qui en avaient emporté, les restituent. Les pierres sculptées manquantes sont commandées chez un tailleur de pierre en 1973.

En décembre 1980, l'organisation "Chefs-d'œuvre en péril" récompense les efforts déployés par l'Association "Les Amis de Saint Sébastien" en lui attribuant un prix de 10 000 francs auquel s'ajoute un autre don de 5000 francs.

(Extrait de: Pierre Amiot, "Histoire du Pays de Fréhel", 1981)