Chapelle sépulcrale de la Chartreuse (9e-14e)

Le 27 juin 1795, une petite armée de nobles émigres venue d'Angleterre, débarque à Carnac. Son but : rétablir la royauté en France. Malgré l'aide apportée par des milliers de chouans, l'envahisseur ne réussit pas à sortir de la presqu'île de Quiberon solidement verrouillée par les troupes républicaines du général Hoche. Alors, le 21 juillet, c'est à la reddition, à Port-Haliguen, du général Sombreuil et des troupes qui n'ont pu être rembarquées. Sombreuil affirmera qu'on lui a promis la vie sauve pour tous. Si cette promesse a bien été faite, elle n'est pas tenue. Sur la dizaine de milliers de prisonniers faits par les Bleus, environ 1450 - émigrés et chouans -sont fusillés au mois d'août à Vannes, à Quiberon, à Saint-Pierre- Quiberon et à proximité d'Auray. Les corps des supplicies sont inhumés à l'endroit maintenant appelé “le champ des Martyrs” en Brech. Sur ordre de la duchesse d'Angoulême, leurs restes sont exhumés sous la Restauration, après accord de l'évêque de Vannes. Une chapelle expiatoire, en forme de temple grec, est élevée sur place en 1828. Son fronton porte les inscriptions latines: “Hic cecideront” (C'est ici qu'ils tombèrent) et “In memoria aeterna erunt justi” (La mémoire des justes sera éternelle).

Décidée en 1814, c'est seulement à partir de 1823, à la suite d'une souscription nationale, et à l'initiative de la duchesse d'Angoulême, que la chapelle sépulcrale qui doit recevoir les restes des fusillés, est construite près du couvent de la Chartreuse des Soeurs de la Sagesse. La première pierre est posée par la duchesse elle-même. Comme ceux de la chapelle du champ des Martyrs, les plans sont dus à l'architecte Augustin Caristie. Le sanctuaire est inauguré le jeudi 15 octobre 1829, en présence de nombreuses personnalités civiles, militaires et religieuses. La plus remarquée, celle de l'évêque de Quimper, Mgr de Poulpiquet, rescapé de Quiberon, qui réclame seulement pour les victimes “au Ciel l'éternité glorieuse, sur terre une mémoire immortelle”. Quelques jours plus tôt, les ossements de 350 supplicies y avaient été transférés.

Dans le caveau ouvert, une lumière blafarde éclaire l'amoncellement de crânes et de tibias des martyrs de 1795.

(Extrait de Chapelles insolites en Bretagne de Louis Floquet, 2000).