Chapelle Saint-Léonard

La chapelle Saint-Léonard existait au 17e siècle. Des mariages y ont été célébrés en 1638. Jusqu'à la Révolution, elle dépendait de la frairie de Kereven, l'une des 16 subdivisions de la paroisse de Ploemeur qui s'étendait au-delà de la commune actuelle incluant Larmor-Plage et quasiment l'ensemble de Lorient.

Sa cloche a été installée à la fin de l'empire, la même année que celle de Saint-Maud (autre chapelle ploemeuroise). Elle porte l'inscription : "Cloche de Saint-Léonard, Joseph Brangolo parrain, Françoise Le Mechec marraine, Bingamin Videlo, recteur, Raynla m'a fait à Lorient 1816".

Les derniers pardons traditionnels, réguliers et très suivis, ont eu lieu vers 1970 ou 1971. Le toit, la voûte et les crépis de la chapelle furent rénovés en 1980. Les vitraux ont été réalisés à cette époque par P. du Vorsent cette même année. Après ce travail, elle fut réouverte le 20 juillet 1980 avant de retomber dans l'oubli.

Depuis 1992, les habitants des villages environnants, regroupés au sein de "Diwallerien chapel Sant Leonard" (les gardiens de la chapelle Saint-Léonard), ont relancé le pardon qui se tient chaque année le premier dimanche de juillet.

A l'extérieur, une vieille croix latine (comportant une vague inscription en creux, 1 cupule et 3 entailles). Lorsque, à la fin du jour, le soleil est rasant sur le calvaire, on distingue de la porte de la chapelle, un Christ au centre de la croix.
A côté, le monument en pierre serait une lanterne des morts.
A droite, lorsque l'on regarde la porte latérale de la chapelle, la pierre d'angle du pignon représente le bas d'un corps jambes repliées. Proviendrait-elle d'une chapelle antérieure dans le secteur dont nous ne trouvons pas la trace ?

Autour de la chapelle, coté Nord, le talus construit, selon des plans du 17e siècle, est le résultat d'une collaboration féconde entre la municipalité, avec le soutien de Julien Philippe, et l'association en 1997.

A l'intérieur, nous pouvons voir trois statues classées : saint Roch (avec son chien), bois polychrome du 19e siècle, Saint-Léonard, en robe de moine, portant un carcan dans la main gauche et un linge dans l'autre main (vraisemblablement d'une autre couleur, antérieurement) pierre blanche polychrome du 16siècle et, à droite de l'autel une sainte femme portant un phylactère, datant du 16également. La municipalité, le conseil général et l'état ont subventionné la conservation de ces statues.
La statue du Sacré Cœur a été offerte par Madame Phillippe. Elle provient du Jubilée de 1925.
L'autel de châtaignier provient du juvénat d'Hennebont.

La légende de Saint-Léonard

Il y a plusieurs hypothèses sur ce Saint-Léonard.

La première vient de LEONARD ou LENARD (du latin LEONARDUS) et se réfère à Saint Aubin d'Aubigné en Ile et Vilaine où l'on montre son tombeau isolé dans la campagne.

S'agit-il du saint patron de cette chapelle ?

Des documents demandés à l'évêché d'Avranches, font références à un saint LEODOVALD ou LEONARD évêque d'Avranches (540-625). Durant sa jeunesse, celui-ci aurait été bandit pour les Bretons et menait une vie dissolue pour les Avranchins. On le craignait pour sa très grande force mais, pour cette raison, il était recherché pour désembourber les charrettes.

Les deux traditions se séparent ici.

Dans la version bretonne, un jour, près de Saint Aubin donc, Léonard, goûta une poire sauvage (une pomme dans la version normande). Il fut écœuré par l'amertume du fruit. Quelques mois plus tard, ayant repassé devant l'arbre, il eut la curiosité de recommencer l'expérience : la poire était délicieuse.

Dans son émerveillement, il résolut de s'amender lui-même comme avait fait le poirier, et il s'empressa de porter aide à un charretier embourbé. Mais celui-ci, qui connaissait Léonard de réputation de bandit, fut épouvanté à l'approche de son sauveteur. Se croyant attaqué, il tua sur-le-champ le nouveau converti qui, avant de trépasser, eut le temps d'expliquer ses excellentes intentions.

Les gens du voisinage attendris par ce malentendu, ont, depuis lors, vénérés le tombeau de Saint Léonard.

Dans la version normande, dont les références historiques paraissent plus solides, il fut élu évêque, charge qu'il assuma durant 48 ou 50 ans. Il développa la dévotion à Saint Martin de Tours.

La similitude de l'époque (sous Clovis) et de l'anecdote de la conversion est assez surprenante.

De plus, une référence aux prisonniers, identique dans nos deux traditions (que l'on retrouve également dans le cantique à Saint-Léonard), renverrai plutôt à… un troisième personnage, Saint-Léonard DE NOBLAC, ermite du Limousin, abbé, qui fut tenu sur les fonds baptismaux par Clovis (de nouveau). D'ailleurs, la statue de la chapelle est habillée en moine et le saint porte un carcan de prisonniers. Saint-Léonard est en effet le patron des captifs et à Châtillon-sur-Seiche (35), plus de 10 000 pèlerins viennent honorer ce saint. Ils descendent dans la crypte, prennent des chaînes déposées au pied de la statue, les baisent et s'en entourent dévotement.

Saint-Léonard est aussi le patron des agriculteurs malheureux et des voyageurs, ce qui semble plus probable dans le contexte ploemeurois.

Quoiqu'il en soit, Saint-Léonard est le patron de Fougères et de nombreuses chapelles en Finistère, Côtes d'Armor et Morbihan (Theix) lui sont dédiées.


(Informations Jean-Yves Radigois et l'Association Diwallerien chapel Sant Leonard -
Photo Ville de Poemeur)