Chapelle Saint-Maudan (17e)

Daté probablement de 1660, ce petit édifice de plan rectangulaire est reconstruit en 1669. Les enduits intérieurs chaulés laissent deviner d'anciens décors polychromes. Son mobilier est très beau, à l'image de cette Vierge à l'Enfant en bois polychrome du 17e.

Cette chapelle est située près de l'Ecu, au bas de la butte, sur le terrain de la maison noble de la Gaffe. Elle n'a pas de bas-cotés. Sur le devant il y a un petit clocheton et une cloche en potin fondue à Lanouée. On dit la messe aux rogations, à la saint Marc où l'on y va en procession, ainsi que dans le temps de sécheresse et de grande pluie, pour obtenir un temps favorable. On y chante les Vêpres tous les ans, le dimanche suivant la fête du Saint.

Mais le recteur Prétesseille changea cette coutume; l'église étant bien trop petite, il y avait beaucoup de dissipation et plusieurs perdaient la messe. Il s'y tenait avant la Révolution une assemblée considérable; mais un homicide y ayant été commis avant 1760, on l'a abolie. On ne pense pas néanmoins que Saint Maudan y ait demeuré. D'après les anciennes traditions, il paraîtrait que les Messieurs de la Buzardière n'ont pas toujours été des saints. On raconte que dans des temps reculés, quelques-uns de ces Messieurs revenant de la chasse rencontrèrent le prêtre qui allait à la chapelle:
"Oh ! vous voilà, dirent-ils, bonne affaire: il faut que vous nous chantiez une grande messe.
- Messieurs, répondit l'ecclésiastique, dans quelques instants, je peux vous dire une messe basse; je ne puis vous chanter une grand'messe, n'ayant personne pour la répondre.
- Que cela ne vous gêne pas, nous la répondrons nous mêmes.
- Mais, Messieurs...
- Pas de réplique, il nous faut une grand'messe."
Ils se mirent à chanter, à crier, contrefaisant une messe en musique; ils tinrent le pauvre prêtre toute la matinée à l'autel; il gémissait, il voulait se retirer, mais ils le menaçaient. Ils furent, dit-on, une bonne heure à chanter le grand Crédo.
Une autre fois, ils prirent le calice pour faire leurs orgies, le desservant de la chapelle leur en fit des reproches; ils l'assassinèrent. On voyait, disent les bonnes gens, longtemps après, ce prêtre se promener dans le bois, avec son bréviaire sous le bras.

Voici encore une autre légende qu'on raconte:

Une nuit, un nommé Conas, qui demeurait à l'Ecu et qui gardait les clés de la chapelle, fut appelé:
"Levez-vous, venez répondre la messe (on devait ce jour là même dire la messe à la chapelle).
- Mais, il n'est pas jour, je crois !
- Il est temp, hatez-vous."
Il se lève donc, prépare tout ce qui est nécessaire pour la messe, il la répond au milieu d'une foule de personnes qu'il reconnait nullement. Après le denier évangile, il se retourne et voit la chapelle entièrement vide; le prêtre disparaît aussi en lui disant: "Mon ami, je vous remercie, il y a longtemps que j'attendais ce moment."

(Textes et photo de Christian Le Boulh, Commune de Crédin)