Chapelle du prieuré de Merquel

Premier lieu de culte mesquérais, la chapelle du prieuré de Merquel fut dédiée à Notre Dame et à saint Gildas. Mais, dans la rivalité qui opposa les Francs et les Bretons, dans la lutte des évêques de Nantes pour étendre leur juridiction jusqu'à la Vilaine, il n'est pas étonnant que, pour contrebalancer l'influence bretonne, on ait implanté, tout près du couvent, un édifice religieux en l'honneur d'un saint français, en l'occurrence saint Mars.

Saint Mars, dans le parler local, ce n'est pas l'évangéliste Marc ni l'ermite Marse; c'est le nom contracté du grand thaumaturge du nord de la France, saint Médard, évêque de Noyon, invoqué sous ce vocable à travers le diocèse de Nantes : Saint-Mars la Jaille, Saint-Mars de Coutais, Saint-Mars du Désert... Les Mesquérais eurent-ils une dévotion particulière à l'apôtre des Fiandres qui affrontait la pluie protégé par le pennage d'un aigle?... Paysans, paludiers, ils savaient quelle calamité pouvait devenir une saison pluvieuse commencée en juin avec la fête du saint :

" S'il pleut à la Saint-Médard
Il pleut quarante jours plus tard... "

Pour se mettre sous sa protection, ils entretinrent, à travers les siècles, sa chapelle, le plus ancien monument religieux de la Presqu'île, rasé par les Allemands en 1944.

Dans le sanctuaire reconstruit et peint à fresque par M. Jean Bouchaud, la dévotion du saint " qui fait la pluie et le beau temps " est perpétuée par une statue moderne, œuvre de Jean Fréour, mais l'édifice est placé sous le patronage de la Sainte Vierge. Elle supplanta le vieil évêque lorsque les marins de Mesquer, il y a plus de deux cents ans, voulurent invoquer Notre-Dame du Port, Étoile de la mer : un pardon local illustra longtemps cette vénération; c'était " la Procession de Pen-Bé ", le 8 septembre. Elle partait de l'église paroissiale Notre-Dame la Blanche (la sans-péché, la toute-pure, l'Immaculée) et s'en allait, par le Lany, Quimiac et Kerdandec, jusqu'à Merquel. Sur la rive nord du Traict, la paroisse d'Assérac se rendait Ie même jour à la chapelle Notre-Dame de Pen-Bé. D'une pointe à l'autre les deux processions se saluaient, toutes bannières déployées, et c'est pourquoi " la réunion pieuse avait pris le nom de la Pen-Bé ".

Il existe un cantique de "Notre-Dame de Merquel":

Pour les matelots
Luttant sur les flots
Étoile des mers, brille dans les cieux.
guide les au port
Ils diront encore
A l'univer, ta clémence pour eux.
Bénis le labeur
du cultivateur
Quand le soc d'acier creuse le sillon
que ta douce main
Répande le grain
Pour que, bientôt, se lève la moisson.
Et sur la saline
sainte vierge incline
ton front radieux pour nous rassurer.
aimable Madone,
si tendre, si bonne,
Viens au secours de l'humble paludier.
Bénis tes enfants
En toi confiants...
bénis la jeunesse espoir, avenir..
aide la vieillesse...
et, par ta tendresse
Assiste-nous, quand il faudra mourir.