Chapelle Notre-Dame-du-Bon-Secours

L'oratoire primitif : début du 11e siècle

Les moines bénédictins de Saint-Florent de Saumur en Anjou, appelés par les seigneurs barons de Vitré, peuvent être considérés comme les fondateurs de la paroisse d'Yzé (1086 ?), mais également de Châtillon-en-Vendélais, de Saint-Christophe-des-Bois, de Livré, Romazy, Tremblay, Saint-Jean-sur-Couesnon, Saint-Brice-en-Coglès.

Ces moines, peu nombreux dans chaque paroisse (deux le plus souvent), avait reçu de Robert 1er ou de son fils André 1er, Barons de Vitré, l'autorisation de prélever des dîmes (redevances en nature: orge, avoine, blé, chanvre, lin, laine, etc.), pour leur abbaye de Saint-Florent, pour les seigneurs barons de Vitré, pour l'évêque de Rennes, pour l'entretien des paroisses. Pour les paysans dépourvus de routes et de chemins, les moines favorisèret la construction d'annexes paroissiales, desservies de temps en temps.

Dans les archives de l'abbaye de Saint-Florent, conservées à Angers, il est fait mention en 1122 d'un oratoire dédié à "Sancta Maria de Messione fructus", littéralement "Sainte Marie de la récolte des produits de la terre", pratiquement appelée "Sainte Marie de la Moisson". Il n'existe aucune description de ce sanctuaire certainement modeste. Il est vraisemblable que les moines bénédictins favorisèrent son érection pour stimuler les habitants d'Izé et des environs à venir à la Vierge Marie le bon déroulement de la coupe des foins, de la fauche des récoltes: autant de grands travaux importants pour leur subsistance et celle de leur cheptel.

Reconstruction de l'oratoire primitif en 1539

Elle fut entreprise quatre ans avant l'érection de la tour de l'église paroissiale Saint-Etienne. Nous savons cela avec certitude grâce au procès-verbal rédigé le 19 juillet 1734, sur ordre de Mgr Louis-Guy Guérapin de Vauréal, évêque de Rennes, venu en visite paroissial à Izé, le 16 juillet précédent. Ce fut M. Gilles Richeux, recteur de Livré, et non le recteur d'Izé, Jean-François Bénist Yvon, qui fut désigné par l'évêque. M. Richeux était accompagné d'un jeune sous-diacre de sa paroisse et de plusieurs hommes de Dourdain et d'Izé. Cette relation fort intéressante est conservé dans les archives paroissiales. En outre, elle est confirmée par les observations de 1882 laissées par l'abbée François Cochet dans son carnet de la seconde reconstruction.

Ainsi, nous apprenons que la chapelle de 1539 était trop proche de la route qui ressemblait à un chemin empierré plus qu'à une route bitumée. L'entrée du sanctuaire était à l'opposé de ce qu'elle est aujourd'hui. L'autel, "en ardoisinne", marqué de croix aux quatre angles, était situé à l'entrée alors murée de la chapelle actuelle. En son centre, l'autel était marqué d'une pierre de granit ou de marbre contenant sans doute quelques reliques; il portait la date de 1539. Au milieu de l'autel, le rapport signale un crucifix de 4 pieds et demi (environ 1,80 m). Aux côtés du crucifix, sans doute à droite, "il y a une image de la Ste Vierge en bosse..." (en relief.... terre cuite ou sculpture en bois?) qui est "dans une petite niche creusée dans un espèce de carreau sur lequel sont peints des anges avec cette inscription, en haut et en écriture gothique: "AVE MARIA GRATIA PLENA" (procès-verbal du 19.7.1734). Au-dessus du crucifix et de la pierre aux reliques était placé un petit baldaquin.

Cette chapelle possédait deux fenêtre vitrées. Les dimensions de l'édifice ne sont pas mentionnées. Le jour de l'enquête, le recteur de Livré, Gilles Richeux, demanda à Bertranne Martinet, veuve de Joseph Helleu, d'apporter le "lannier" qui contenait deux parements d'autel, trois nappes de toile blanche garnies de dentelles, une aube, une chasuble, deux missels. Il n'y a pas de calice, pas de cloche (celle-ci fut dérobée il y a un peu plus de vingt ans). François Chevrel de la Cendrie attesta que la chapelle était fondée de messes, grâce au testament d'Anastasie Brigault, veuve de Bonaventure Poulard, en date du 22 décembre 1707, à raison d'une messe par mois.

Tentative d'agrandissement et de rénovation (1836-1837)

Les travaux entrepris par l'abbé Picault, vicaire à Izé, décédé prêtre résident à la Selle-en-Luitré, furent bénits le 17 mars 1837, en la fête de la Compassion de la Vierge Marie, par Monsieur Léonard Richard. Le 16 avril 1850, après la cérémonie de Confirmation, Mgr Godefroy Saint-marc, futur archevêque et cardinal de Rennes, visita la chapelle... et la trouva "très belle"! Hélas, cinquante ans après cette tentative de restauration, le sanctuaire était délabré: les murs de pierre, au mortier de terre, étaient crevassés, un pignon s'effondrait (cette chapelle figure sur un vitrail de l'église de Marpiré).

Dernière restauration par l'abbé François Cochet (1882-1884)

Tout commence le 23 janvier 1882. Ce jour-là, Marie Rusard, du bourg d'Izé, offre 150 F (env. 60 francs aujourd'hui) à l'abbé Cochet pour ériger une croix à Notre-Dame de Bon Secours. Le vicaire consulte son recteur, Jacques Desbois, qui préfère employer cette généreuse offrande à la restauration de la chapelle. Le 26 janvier 1882, l'abbé Cochet invite Victor Augerie à mesurer la vieille chapelle et à réfléchir sur une reconstruction totale, au centre de l'enclos, avec une tribune appelée "loggia", qui permettrait aux nombreux pèlerins d'assister à la messe solennelle du 2 juillet. Les archives paroissiales possèdent le carnet de la reconstruction rédigé par l'abbé Cochet. Ce carnet contient les démarches accomplies à l'archevêché de Rennes près de Monsieur le Marquis de Kernier, maire d'Izé, près de tous les paroissiens, même les domestiques, pour savoir le montant de l'offrande qu'ils pourraient faire. Les recettes réalisées jusqu'au 2 octobre 1882 s'élevaient à 6.588,75 F (env. 2 000 francs aujourd'hui). Le cardinal Charles-Philippe Place, archevêque de Rennes, bénit la reconstruction le 11 juin 1884, et le cardinal Paul Gouyon présida le centenaire le 4 juillet 1984 sous le rectorat de l'abbé Joseph Baudy, lui aussi originaire de Livré comme l'abbé François Cochet.

(Source: Plaquette de Mgr Lucien Lefeuvre, juillet 1997)

A l'entrée est apposée une plaque rappelant le centenaire de la reconstruction:

"A l'occasion du centenaire de la reconstruction
du Sanctuaire plusieurs fois séculaire
de Notre-Dame de Bon Secours,
présidé par le Card. Paul Gouyon, Archevêque de Rennes,
le Pape Jean-Paul II est très heureux de s'unir
à la joie et à la prière des Paroissiens de Val-d'Izé.
En les encourageant à conserver précieusement
une dévotion éclairée et fervente envers la très
Sainte Mère du Christ, Il les bénit de tout coeur.
Du Vatican, le 1er juillet 1984."