Chapelle de la Souhaitier (1660)

souhaitier.jpg (90048 Byte)A l'emplacement actuel de la chapelle se trouvait en 1660 une chapelle dédiée à la Vierge. Elle n'était plus en très bon état. A cette époque le clergé catholique menait une lutte opiniâtre contre le protestantisme.

En effet, un temple avait été élevé au bourg de Plouër, sous le patronage des seigneurs de la famille Gouyon de la Moussaye. En 1664, soutenu par le roi Louis XIV, l'évêque de Saint-Malo réussit à en obtenir la destruction et le recteur de la paroisse, pour en remercier le ciel, décida de faire reconstruire la chapelle.

Elle était desservie avant la Révolution par un prêtre de la paroisse. Au moment de la Révolution, elle fut classée parmi les biens nationaux et mise en vente ; aucun acquéreur ne s'étant présenté, elle fut fermée et abandonnée.

En 1816, deux paroissiens l'achetèrent et la donnèrent à l'Église. Elle demeura utilisée jusqu'en 1868, date à laquelle on jugea de la construire à nouveau.

La population s'empressa à aider sa construction pour la rendre moins coûteuse. Les offrandes ou la présence de femmes brouettant les pierres évitèrent ainsi les frais ouvriers qu'il aurait fallu payer.

Joseph Levitoux, un passionné des lieux, a retrouvé dans des écrits anciens le type d'organisation de l'époque :
"L'extraction du moëllon fut autorisée sans rétribution par la famille Fouace, propriétaire de la grève du Vau-Pourcel. Ce furent les bateaux de Plouër qui le transportèrent de la carrière au fond du havre. Pris à l'île Chevret, le sable amené de même. Languédias fournit les tailles de granit. A part quelques pièces courbes pour la voûte, tous les bois furent fournis et amenés gratuitement par la population."

En creusant les fondations, les ouvriers trouvèrent une grande quantité d'ossements humains. Tout le terre-plein de l'enclos actuel en est encore rempli. Entre 1582 et 1586, Plouër connut une grande épidémie. L'église et le cimetière ne suffisaient plus aux inhumations et on enterra partout où l'on put, notamment autour de la chapelle.

Moins de trois ans plus tard, le 24 avril 1868, Mgr David, évêque de Saint-Brieuc, qui avait soutenu et supervisé le projet de construction dès son commencement, vint bénir la nouvelle chapelle.
"La procession n'avait pas moins d'un kilomètre de long. Derrière la croix paroissiale se déroulaient au vent sur deux lignes les 80 drapeaux des villages, suivis de 200 oriflammes. Puis venaient huit grands étendards, portés par des hommes, un nombreux clergé et enfin Monseigneur l'Evêque, escorté de la brillante compagnie des sapeurs-pompiers et de la brigade des douanes. Une population immense se pressait sur les pas de Sa Grandeur.
Comme le clergé entrait dans l'enclos, des deux côtés du havre éclatent simultanément de violentes détonations. Deux pièces d'artiellerie saluaient l'arrivée de la procession."

La cloche est tout ce qui reste de l'ancienne chapelle, et sur le mouton se lit la date de 1400.

Ce site de la Souhaitier a toujours été le lieu de rassemblement des familles de marins de la paroisse. La majorité des hommes de Plouër étaient embarqués sur les vaisseaux et frégates du roi, sur les navires marchands et sur les goélettes de Terre-Neuve. Avant els départs, les marins venaient implorer la protection de la Vierge. A leur retour, ils lui exprimaient leur reconnaissance.

Les fêtes du 31 mai, clôture du mois de Marie, du 15 août, l'Assomption et le 3e dimanche d'octobre, le Rosaire, donnaient lieu à des processions. La grande Croix ouvrait la marche avec les membres du clergé, l'harmonie, les chorales, les bannières, la statue de la Vierge, les enfants de Marie en robe blanche et voile bleu, un doris porté par des hommes avec à son bord de tout jeunes enfants costumés, puis la foule des paroissiens et des voisins.

La petite anse de la Souhaitier accueillait des bateaux accueillant le grand pavois.

(Texte de la plaquette devant la chapelle et extrait du journal Le Petit Bleu d'août 2006)