Chapelle Saint-Sébastien  (17e)

Cette chapelle se trouve au bourg.

Elle semble dater de la première moitié du 17e siècle. On en trouve mention dans les archives municipales à la date du 22 septembre 1676.

Du côté de l'Epître, une Vierge Mère originale, du 18e siècle, que l'on a prise à tort pour Sainte Marguerite. Le front ceint d'une couronne de marquis, couverte d'un manteau à vastes plis, elle tient dans la main droite le globe du monde surmonté d'une croix ; de la gauche, elle soutient l'Enfant Jésus, debout sur une colonnette, les bras étendus. A côté d'elle, un serpent au corps sinueux mord la pomme. "Cette statue, note Toscer, est très vénérée dans le pays. Les mères de famille, après les relevailles, ne manquent pas d'aller invoquer la sainte et de lui faire une offrande" (le Finistère pittoresque, 1906).

Une vieille horloge se trouve à la tribune et marque gravement les heures, tout en faisant entendre constamment son tic-tac. Le cadran est à l'extérieur. L'enclos du cimetière renferme une croix à long fût octogonal, aux personnages anciens (16e - 17e siècles). L'envers est tourné vers l'église. Le Christ en croix est accosté de la Vierge et de Saint Jean l'Evangéliste. A l'envers, tourné vers la place, on remarque, à gauche, Saint Sébastien, les pieds liés et portant sur tout le corps les marques des flèches qui l'ont tué ; au centre, Saint Paul de Léon avec son dragon à large queue ; à droite, un saint évêque, sans doute Saint Jacques. On voit encore, dans le cimetière, une croix moderne de kersanton, sur le soubassement de laquelle on lit : "Souvenir de la Mission et du Jubilé 1881".

La fête patronale a lieu le premier dimanche de mai, fête de la translation des reliques de Saint Corentin et de Saint Paul, patrons du diocèse. Le pardon se faisait jadis le dimanche après le 12 mars et arrivait ainsi pendant le carême, dont on observait alors rigoureusement l'abstinence. "Les paysans, observe Toscer dans "le Finistère pittoresque", allaient à la grève quérir, pour leur nourriture, les "bréniks" (patelles), coquillages très abondants sur la côte ; d'où le nom de "pardon des bréniks" qu'on lui donnait, et qu'il a conservé même de nos jours."

Quand le service paroissial a-t-il cessé dans la chapelle Saint-Egarec pour être transféré dans la chapelle Saint Sébastien ?

Voici un document du 18e siècle qui va éclairer cette question. Le 11 août 1771, dans une délibération du corps politique de Lampaul, Jacques Milbéo, faisant pour le marguillier en charge, absent, remontre que "depuis neuf à dix ans, par permission de Monseigneur l'Evêque et de Monsieur l'Abbé Ollivier, ancien prieur, l'office se fait dans cette chapelle Saint-Sébastien, que le général (c'est-à-dire le corps politique administrateur de la paroisse) a bâti et agrandi de ses propres deniers, qui demande encore des réparations et qu'on a dessein depuis longtemps d'ériger en Eglise paroissiale, parce que :
1 - elle est assez grande pour cela
2 - elle est au milieu de la paroisse, ce qui est d'une grande commodité tant pour les malades qu'autres à cause d'administrer les sacrements
3 - la fabrice n'a point de fond pour réédifier l'ancienne église, qui courrait le risque d'être enterrée dans le sable, étant située près de la mer
4 - au dessus du consentement du prieur, si elle était érigée en église paroissiale, le prieur serait obligé de fournir des fonds pour contribuer à cette érection.
"

On décide de consulter trois bons avocats à Rennes, pour ériger la chapelle Saint-Sébastien en église paroissiale et savoir si on peut faire contribuer le prieur, seul décimateur en la paroisse, à contribuer aux frais de cette érection et à l'embellissement de cette chapelle. Les avocats en question sont MM. de la Chenardais, Boilève le Jeune et du Parc Poullain.

Le document est signé de M. Iliou, recteur, et des notables présents (archives du presbytère de Lampaul).

Trois ans plus tard, dans un procès-verbal de visite épiscopale, Monseigneur François de la Marche, évêque de Léon, déclare que l'érection de Saint-Sébastien en paroisse est une chose nécessaire parce que l'ancienne église de Saint-Paul, c'est-à-dire la chapelle Saint-Egarec, est à peu près démolie et qu'elle se trouve dans le fief du Roi (archives de l'évêché). Saint-Sébastien relevait du fief du Chastel, ainsi que les terres nobles de Plouarzel.

Les archives municipales mentionnent que, le 13 septembre 1758, fut inhumée dans le cimetière de Saint-Sébastien, bénit à cet effet, Marie Gratien, du Reun.

Quelques semaines auparavant, le 23 juillet, avait été bénite par M. Le Pape, recteur, une cloche pour Saint-Sébastien, nommée Louis-Sébastien-Marie. Parrain fut messire Armand-Louis de Pontan, comte de Biron et Seigneur du Châtel, représenté par Sieur Lanven, sieur de Kerbernard, son procureur fiscal ; marraine, demoiselle Marie Jeanne de Portzmoguer, de Kermarc'har.

Les inhumations continuent de se faire dans ce cimetière, ce qui montre, qu'à cette époque, la chapelle Saint-Egarec, en mauvais état, et son cimetière furent désaffectés.


Source : monographie du chanoine Pérennès, site de l'Association Lambaol de Lampaul-Ploarzel