Chapelle Saint-Eutrope (1755)
La
toponymie et les documents anciens désignent clairement un lieu
seigneurial : Botmeur (du breton « bot » signifiant « buison
» et « meur » signifiant « grand »), plus tard
devenu Salou (salle). Le manoir est attesté entre 1426 et 1636, période
pendant laquelle il appartient aux seigneurs de Botmeur (Maurice de
Botmeur en 1426, Jehan de Botmeur en 1536, Tanguy de Botmeur en 1636).
Le manoir était situé sur une éminence,
il était protégé au nord par un gradin surplombant un terrain
marécageux transformé partiellement en étang désséché de nos jours. Le
domaine incluait la chapelle Saint-Eutrope devenue église paroissiale
en 1837 (détruite vers 1909), un étang, des métairies et un moulin à
eau. Le manoir est vendu comme bien national en 1796 à Jérôme Tourmel.
Le cadastre de 1836 fait état d'un ensemble bâti à cour fermée. Les
derniers vestiges significatifs ont disparu en 1929. Il ne reste
aujourd'hui que les vestiges de l'écurie datant du 17e siècle.
Au début du 20e siècle, l'ancienne
chapelle seigneuriale était beaucoup trop petite pour contenir les
fidèles.
Une comptine disait :
« I parraz Boneur
Pa vézé deg en ilis
A vézé tregond ar Vered »
(« Les fidèles assis sur les tombes écoutaient l’office comme ils
pouvaient et bavardaient entre eux »).
Nicolas Brenner fut recteur de Botmeur aux alentours de 1850.
Originaire de Lopérec, l'on disait de lui : « Sa messe dure deux
heures, son bréviaire encore plus » vu « sa lenteur en toutes choses ».
Il se retira en 1855 et mourut le 16 juin 1874 âgé de 87 ans à la
maison de retraite pour prêtres de Saint-Joseph à Saint-Pol-de-Léon.
L'église de Botmeur était vers 1900 dans un état calamiteux :
« Nous
connaissons tous, chez nous, ces « pillaouers » qui
traversent nos
villes, parcourent nos campagnes, exerçant leur négoce peu
rémunérateur. Ils retournent périodiquement dans leurs foyers, auxquels
ils restent très attachés, et se retrouvent dans leur église
paroissiale, hélas plus misérable que la dernière chapelle de hameau
qu’ils ont rencontré dans leurs courses errantes ». Selon un
rapport
daté de 1906 : « L'église de Botmeur, située dans un bas fond
du bourg,
au-dessous du chemin qui le traverse, a reçu toutes les eaux qui se
déversent des alentours, les murs ont été minés dès leur base par
l'humidité, ils sont dans un état de dislocation irréparable et
dangereux. Les charpentes totalement pourries et rongées s'affaissent,
les grosses ardoises qui recouvrent le toit ne tiennent plus et tombent
à chaque coup de vent ». Le presbytère de l'époque, situé près de
la
mairie, est dans le même état.
Cette situation rend nécessaire la construction d'une nouvelle église,
projetée dès 1875 (première souscription lancée par le Conseil de
fabrique) mais différée par manque d'argent ; le projet est
relancé par
une nouvelle délibération du Conseil de fabrique en date du 6 juillet
1899 et la construction permise par une nouvelle souscription, qui est
inaugurée le 25 mars 1909, permise en partie par la vente des
« communs ». Cela permet dès 1910 la destruction de
l'ancienne église : « les
boiseries et une partie des moëllons serviraient à réparer le
presbytère, une autre à l'entretien des chemins vicinaux. (…) Au
surplus, la démolition de l’ancienne église permettrait l'élargissement
du chemin vicinal très étroit et qui a un tournant très dangereux en
cet endroit ainsi que l'agrandissement du cimetière trop petit ».