Chapelle Saint-Yves-de-la-Vérité

Il existait une chapelle en face du quai de Tréguier, de l'autre côté du Jaudy, sous le vocable de saint Sul. Elle appartenait aux seigneurs du Verger, de la famille de Clisson. Seul l'ossuaire survécut à la dégradation de l'édifice.

"On y entassa les statues de saints demeurées sans abri. Parmi elles se trouvaient deux images de saint Yves, dont l'une, très ancienne, passait aux yeux du peuple pour être plus particulièrement celle de saint Yves de la Vérité. Saint Yves de la Vérité devint peu à peu, à l'exclusion de tout autre thaumaturge, le patron de cet ossuaire, transformé en oratoire. C'est là qu'on alla désormais invoquer sa justice." (A. Le Braz, Notes sur la Légende de la Mort).

A ce propos, il existe une histoire, racontée par Marie-Anne Prigent de Pédernec en 1894, qui parle du rôle joué par saint Yves de la Vérité en matière de conjuration.

Dans ses Souvenirs, Ernest Renan parle de cette chapelle en ces termes:

"A la mort de mon père, ma mère me conduisit à sa chapelle et le constitua mon tuteur. Je ne peux pas dire que le bon saint Yves ait merveilleusement géré nos affaires, ni surtout qu'il m'ait donné une remarquable entente de mes intérêts ; mais je lui dois mieux que cela ; il m'a donné contentement, qui passe richesse, et une bonne humeur naturelle qui m'a tenu en joie jusqu'à ce jour."

En 1882, l'ossuaire avait disparu. "Un cultivateur, resté célèbre dans la région sous le nom de 'crucifié' de Hengoat, fut trouvé assassiné et suspendu en croix aux brancards d'une charrette. Ses assassins, qui étaient, croyait-on, ses beaux-frères, avaient tenté d'abord de se débarasser de lui sans effusion de sang en le faisant vouer à saint Yves. Mais la vieille femme qu'on avait chargée de cette mission objecta que la chapelle était démolie et que le saint Yves n'y était plus." (op. cit.)

L'autel en pierre qui se trouvait dans la chapelle aurait été acheté par Madame Ambroise Thomas et installé dans l'oratoire privé de la maison de Ziliek en Penvénan. On dit que la statue du saint y aurait été également déposée et que l'île Ziliek aurait attiré pendant un certain temps des pèlerins pour un étrange culte.