Chapelle Saint-Jean du Loch
Le texte et la photo suivants sont extraits du site de Breiz Santel qui relate le travail faramineux réalisé par différentes associations de rénovation et de reconstruction de chapelles.
Point de jonction de deux chaussées romaines, le lieu-dit « Loc'h
» est connu depuis fort longtemps.
A partir de 1160, par une charte de duc Conan IV, Le Loc'h est un fief des Chevaliers
hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem (ordre devenu celui des chevaliers de Rhodes en
1309 et des chevaliers de Malte en 1530). Le Loc'h, s'appelait alors « Eleemosina de Mael
et Luc'h ». Il était, avec le Palacret, une dépendance du Commandeur de la Feuillée.
Mais un moment indépendante, la commanderie du Loc'h a gardé longtemps le droit de «
haulte, moyenne et basse justice, exercée audit bourg du Louc'h le lundi de chaque
semaine, plus de droit de présenter un curé ou un vicaire pour desservir l'église
tréviale du Louc'h».
Ces chevaliers y possédaient un manoir et deux chapelles: l'une dédiée à saint Cado,
l'autre à saint Thomas, cette dernière étant l'oratoire personnel du Commandeur
(signalée en ruine au XIXe siècle).
Le château, construit sur une motte de terre au milieu de l'étang a disparu au XVIIe
siècle selon la légende: en une nuit...
Bien qu'étant une paroisse indépendante. Le Loc'h ne constitua une commune que durant
quelques mois au début de la période révolutionnaire. En effet au début de 1790, une
seule municipalité fut élue pour le Loc'h et Maél-Pestivien.
Seule, donc, de nos jours, l'église tréviale subsiste. En forme de croix latine, elle
mesure 17,60 m de long et 18 m de large. Les murs et le clocheton que nous voyons datent
du XVème siècle. Le calvaire est légèrement postérieur. Inscrite au Répertoire des
Monuments Historiques en mars 1930, la toiture a commencé à se dégrader peu avant la
guerre 40-45 et les murs en 1952. «Notre» dernier Pardon dit «Pardon des cerises» a
été célébré en 1956, mais seulement dans une moitié de l'édifice, l'autre moitié
menaçant à tout moment de s'effondrer. L'église, devenue simple chapelle, glissa dans
l'oubli des hommes.
A l’origine, deux ordres de chevalerie, fondés à Jerusalem à quelques
années d’intervalle : l’ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jerusalem en
1098 (ou 1110) et l’ordre des Frères de la Milice du Temple en 1118. Si dès
l’origine la vocation de l’Ordre du Temple était militaire, les Hospitaliers,
par nécessité, furtent amenés à exercer aussi des activités militaires, pour la
protection des pèlerins.
D’ où peut-être la confusion qui a amené à utiliser l’appellation "
templiers " pour les 2 ordres.
A partir de 1130 ces 2 ordres vont se développer rapîdement en Bretagne, y trouvant
beaucoup d’appuis et de sympathie pour leur cause. Des commanderies sont créées. Le
pape donne aux deux ordres l’autorisation d’élever des églises avec
cimetière. Le Duc de Bretagne, Conan IV, va éditer 2 chartes, l’une vers 1160
précisant les biens de l’Ordre des Hospitaliers et l’autre vers 1180
(apocryphe) précisant ceux de l’Ordre du Temple . Dans la première charte figure le
Loc’h, aumonerie, sous le nom de " eleemosina an louch ", membre de la
Commanderie de la Feuillée. (La Feuillée, comune la plus haute de Bretagne, en
Finistère , près du Huelgoat , montre encore des vestiges de cette époque)
On pense donc que la chapelle St Jean du Loch fut bâtie par les Hospitaliers de Saint
Jean de Jerusalem au 12 ème siècle. Comme on le verra plus avant la chapelle fut
remaniée au 15 ème siècle. De la première époque il ne resterait que les 2 piliers à
l’entrée du porche et une petite fenêtre sur le colatéral sud ( où se trouve le
vitrail offert par l’Ordre de Malte ).
On connaît la tragique fin de l’Ordre du Temple. Les templiers sont arrêtés
partout en France en 1307 sur ordre du Roi de France Philippe le Bel. Le Concile de Vienne
prononce la dissolution de l’Ordre en 1312. Le grand Maitre de l’Ordre , Jacques
de Molay, périra sur le bûcher en 1314.
Dès 1312 l’Ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jerusalem hérite de la plupart
des possessions de l’Ordre du Temple. Il fau t organiser cet acroissement des biens.
Dans ce sens on fusionne les commanderies voisines de la Feuillée et du Palacret (Le
Palacret est situé sur l’actuelle commune de Saint Laurent près de Guingamp.
En 1983, quand une équipe de Breiz Santel fït une percée vaillante sur le
placître, ce fut à coups de hache, de serpe et de tronçonneuse ! Promesse fut faite d'y
revenir l'année suivante. Le débroussaillage terminé, la chapelle émergea dans sa
splendeur, désolée et solitaire.
En 1984, Breiz Santel a mis sur pied une association: « Les Amis de la Chapelle du Loc'h
». Ensemble, les travaux sont entrepris. Pierre par pierre, chantier après chantier, le
monument reprend sa forme.
Actuellement, les longs pans nord et sud, ainsi que le porche latéral, l'un des jovaux de
notre chapelle, sont remis «niveau sablière». Celte année, le transept nord a été en
partie restauré ; l'un des murs a dû être entièrement reconstruit, un érable ayant
établi ses racines dans la base même du mur ! Le pignon nord est en voie de rénovation
après la disparition du lierre qui descellait les pierres. La réfection du mur derrière
l'autel principal sera un travail important à plusieurs titres : ce qui existe penche
dangereusement et beaucoup de pierres ont disparu.
Sans aborder le problème financier, les petites associations telles que la nôtre, savent
combien il est difficile de susciter ou de garder l'intérêt de la population, difficile
aussi de se frayer un chemin dans le dédale de l'administration. L'apport de matériel de
reconstruction, les conseils techniques sont impératifs à cet endroit de la
restauration.
L'action entreprise par Breiz Santel sur nos chantiers est donc essentielle et doit
continuer au fil des années. La survie des monuments en dépend!
Elle est dédiée en tout premier lieu depuis ses origines à Saint Jean Baptiste Puis elle a accueilli une dévotion à Saint Cado, donc patron secondaire de la chapelle, sans doute à la suite de la disparition de la chapelle Saint Cado voisinne. Il s'ensuivit un pardon, le jour de la Saint Cado. Comme la chapelle était stratégiquement bien placée (c'était le choix, comme on l'a vu, des Hospitaliers), elle était d'accès facile et le pardon de Saint Cado devint très fréquenté. A l'époque de la Saint Cado, début juillet, c'est le moment de la récolte des cerises. Les producteurs de cerises prirent l'habitude de venir vendre leur production au pardon de Saint Cado. La tradition décida alors que ce serait aussi le Pardon des Cerises. Et un recteur accepta de bénir les fruits rouges. Donc maintenant, au Pardon de Saint Cado, qui est aussi le Pardon des Cerises, à Saint Jean du Loch, au cours de l'office, le célébrant bénit des paniers pleins de cerises que lui tendent deux paroissiens.