Chapelle Saint-Laurent-des-Portes

La construction de la chapelle Saint-Laurent des Portes est mentionnée en 1556. Située au Bourg-Neuf, à l’écart de la ville close, elle ne paraît pas avoir autant souffert que sa voisine de Saint-Léonard des guerres de la fin de ce siècle. La chapelle « S. Lorans » figure sur une représentation de Moncontour de la fin du 17e.

Le fait que Jacques Veillet, maire de Moncontour, soit autorisé en 1707 par le comte de Toulouse à élever une chapelle à ses frais à proximité du calvaire du Bourg-Neuf signifie que la chapelle Saint-Laurent doit être reconstruite. La communauté de ville, portant depuis plusieurs années ses efforts sur l’amélioration du réseau routier empruntant la ville, propose en 1766 d’écorner l’angle rentrant afin de faciliter la circulation. Après le décret de l’Assemblée Nationale limitant en septembre 1790 à une seule paroisse les villes de moins de 6.000 habitants, la fermeture officielle de la chapelle a lieu en toute hâte le 24 juin 1791 : ce jour-là, une lettre du district apportant la nouvelle de « l’enlèvement du roi et de sa famille », des mesures de sécurité sont prises en toute précipitation, les postes de garde renforcés et les troupes rassemblées pour prêter serment de fidélité. Des commissaires sont alors désignés pour se rendre aux chapelles Saint-Michel et Saint-Laurent, en clore les issues et en rapporter les clefs. En 1793, le mobilier des chapelles est transmis au représentant du peuple, Dayot, à Loudéac, sinon brûlé sur place. En 1794, la chapelle sert avec celles de Notre-Dame et Saint-Michel de casernement au 1.100 hommes du 77e régiment d’Infanterie stationnant à Moncontour.

La chapelle est démolie au cours des années suivantes. Les pierres de tailles et les pierres ornées sont ainsi récupérées dans les édifices voisins. Lorsque entre avril 1809 et août 1810 Jean Hennon Dubois, géomètre du cadastre, dresse les plans d’alignement de la ville, l’emplacement de la chapelle est un terrain cultivé appartenant à un dénommé Le Breton, sur lequel ne subsistent plus que quelques ruines. Le conseil de fabrique projette en 1836 la reconstruction de la chapelle. La Fabrique obtient le 10 octobre une promesse de vente de St Laurent : « L’an mil huit cent trente six le dix octobre a deux heures après midi les membres du Conseil de la fabrique de St Mathurin en vertu de l’autorisation et sous la présidence de mgr l’évêque de St Brieuc, se sont réunis au Presbytère et ont été présens Mrs Sagory François, Maret Le Borgne curé, Le Payan, René Thomas et Jacques Julien Le Drouaden adjoint à la mairie, représentant le Maire absent. La séance ouverte Mgr a déclaré avoir obtenu de Mr Helenne De Lalo de la Bastide propriétaire habitant dans cette commune de Moncontour, présent lui-même à la séance le consentement pour céder et vendre à la fabrique pour l’utilité générale de la ville un terrain sur lequel était autrefois une chapelle dite de St Laurent, avec les pierres et […?] dans l’état où le tout se trouve actuellement, et ce moyennant la somme de deux cent francs une fois payés, et à la charge seulement de faire ratifier par ledit Conseil de fabrique la promesse de vente qu’il va faire à l’instant même. Toutefois le dit sieur de Lalo de la Bastide veut et entend que la propriété qu’il promet de vendre lui restera et demeurera ainsi que les fruits et productions y existantes, jusqu’à ce que la fabrique ait obtenu l’ordonnance Royale nécessaire d’après la loi. Il a déclaré de plus que dans le cas où l’ordonnance du Roi n’aurait pas été obtenue dans l’espace de trois mois à datter de ce jour, la sus dite promesse de vente seroit et demeureroit nulle comme aussi dans le cas sinon ne compteroit pas alors sur le champ et sans qu’il fut nécessaire de faire sommation le paiement des deux cent francs prix convenu ». L’intéressé signe De La Bastille !

Le 16 octobre 1836, « il a été procédé à l’examen de savoir s’il était utile au service public de racheter l’ancienne chapelle, dite de St Laurent, avec ses dépendances, sise dans la sus-dite paroisse de St Mathurin ; d’en faire la reconstruction, et de l’affecter au service du culte divin, comme elle l’était autrefois. Il a été reconnu, à l’unanimité des membres du Conseil, que la reconstruction de cette chapelle, désirée par les habitants de la Ville, serait grandement utile, à raison qu’elle est située à l’extrémité de la Ville, dans le lieu le plus éloigné de l’Eglise paroissiale, et que, de cet endroit de la paroisse, il est difficile, surtout pour les infirmes et les vieillards, de se rendre à la même église dans la basse saison et dans les temps de glace, sans s’exposer à de graves accidents. D’après ces raisons, qui ont paru solides à tous les membres du Conseil, il a été décidé qu’il fallait incessamment prendre les mesures et remplir les formalités exigées par la loi, afin d’obtenir du Gouvernement l’ordonnance Royale nécessaire à cet effet. (...) Le Conseil considérant ensuite que le propriétaire de l’ancienne chapelle, dite de St Laurent, s’est engagé à la vendre et à la céder, avec ses dépendances, à la fabrique de St Mathurin de Moncontour, pour la somme de deux cent francs une fois donnée et sans retour d’aucuns droits ultérieurs, s’est vu dans la possibilité de faire face à cette dépense et d’effectuer, dans un bref délai, la reconstruction de cette ancienne chapelle, pour l’utilité du service public de la paroisse. Il a donc persisté dans la volonté de solliciter auprès du Gouvernement du Roi l’approbation de sa demande ».

Le projet échoue dans des circonstances inconnues, le registre de Fabrique n’évoquant plus le sujet.

(Merci à Bertrand L'Hôtellier pour ses recherches et la mise à disposition de son manuscrit)