Chapelle Notre-Dame-de-la-Porte
La chapelle castrale est édifiée au Nord-Ouest du château, face à la Porte dEn-Haut que son nom évoque, probablement avec celui-ci au début du 12e siècle. Elle est le siège primitif de la paroisse « Saint-Marie de Mont-Contour » citée en 1368 dans un acte du procès de canonisation de Charles de Blois. Jean V y fait une donation de 10 écus dor en 1407, et charge quelques année plus tard messire Rolland de Saint Pou daller y offrir à Notre-Dame 20 livres « pour certaines choses que Mgr y avait vouées » lors de sa détention à Champtoceaux. Le bâtiment semble cependant déjà vétuste, et en 1443 les trois fabriciens du général de Moncontour obtiennent de Noël Le Mintier, seigneur des Granges, 320 livres pour le réparer.
A partir du 16e, elle subit la concurrence de la nouvelle église Notre-Dame, construite à lintérieur du castrum, pour laquelle elle va être progressivement délaissée. A partir de cette époque en effet, le bâtiment nécessite de nombreuses restaurations, notamment sur la toiture et le clocher qui acquiert à cette occasion une nouvelle élégance ; le pignon du haut, lézardé, doit être renforcé par des arcs-boutants. Un vitrail doit être réparé en 1588. A la fin du 16e, quatre cabarets sont édifiés contre elle. Le sieur des Granges fait don à cette époque dune pierre de taille qui se trouvait à La Vigne pour remplacer la pierre dautel. Des protestations sélèvent en 1605 concernant les dépenses faites pour linstallation de grillages devant les vitraux et dune grille au portail dentrée installée « pour empescher les pourceaux dy entrer ». Les vitres sont réparées par Nicolas Trobert en 1609, mais fortement endommagées par la tempête de 1612.
En 1635, la chapelle « qui est un lieu de grande dévotion et un bâtiment très beau et de conséquence » menace ruine totale. En conséquence on fait raccommoder la chapelle pour 395 livres 6 deniers.
Vers 1787, la communauté déplore « létat ruineux et caduc de la chapelle Notre-Dame dépendant du château de cette ville et prie le duc de Penthièvre de bien vouloir prendre en considération cette demande pour la conservation et le rétablissement dun ancien monument qui faisait partie de son château de Moncontour. Il en était autrefois la paroisse, avant que lactuelle ne le soit devenue ». Mais la chapelle est condamnée à la période révolutionnaire : en septembre 1790, un décret de lAssemblée Nationale limite à une seule paroisse les villes de moins de 6.000 habitants. En 1792, à loccasion dune séance, le conseil municipal de Moncontour rappelle lurgence de remédier à la gêne causée à la circulation par létroitesse du passage de la tour Notre-Dame et les risques encourus par les piétons qui lempruntent de nuit qui sont souvent insultés voire maltraités, signalant des accidents fréquents, et demande que ces travaux soient payés par la caisse destinée aux travaux de « la traversée ». En 1793 son mobilier est transféré à Notre-Dame et Saint-Mathurin ; les bancs et les armoires seront utilisés pour en réaliser les boiseries murales. Le reste est transmis au représentant du peuple, Dayot, à Loudéac, ou brûlé sur place. La démolition de la tour, commencée le 7 brumaire an III (28 octobre 1794), ne se fera que très progressivement au cours des années suivantes.
La soumission du bâtiment, « objet de mince valeur, selon lavis du Conseil, ayant été négligé, doit être considéré comme pierre en morceaux, dont la vente est sans intérêt pour la République ». Ce nest que par sa charpente, susceptible dêtre restaurée, et ses murs en pierre de taille que la municipalité peut envisager sa transformation en hangar à fourrages. Suivant lavis du conseil municipal de Moncontour, estimant que lédifice ne peut plus être réparé, le Département en accorde la vente au citoyen Yves Lavergne, négociant, pour 1260 livres. Comme lécrit Guy Jouve, « ce vestige du passé de la cité va disparaître sous la pioche des démolisseurs, contre une poignée dassignats dépréciés ».
La tour de la chapelle est encore en démolition sur le plan de La Traversée de Moncontour par J. Piou père (1804). Ce document, mentionnant la « chapelle Notre-Dame à côté de laquelle il y a une boutique », présente en outre le plan du choeur. Sur les plans dalignement de la ville dressés entre 1809 et 1810 par le géomètre du cadastre Jean Hennon Dubois, lédifice est encore visible, mais un passage permet désormais de la traverser dans le sens de la largeur et le choeur semble totalement détruit, ainsi que sur latlas de 1842. Des rentes attribuées à la congrégation de lancienne chapelle sont encore servies en 1820. La réalisation les années suivantes de la Rue de la Victoire, rue très large joignant laccès Ouest de la ville à la nouvelle route, achève larasement de lemplacement de la chapelle.
(Merci à Bertrand L'Hôtellier pour ses recherches et la mise à disposition de son manuscrit)