Chapelle Saint-Jean

Au 12e siècle existe, au carrefour de la voie principale et de celle reliant le castrum au faubourg Saint-Michel, un établissement charitable comprenant des hospices, une chapelle de petites dimensions et un cimetière. Au début du 13e, les Templiers expriment auprès du duc de Bretagne, alors propriétaire des lieux, leur souhait de bénéficier de la concession des hospices et de leurs dépendances, requête à laquelle Pierre Mauclerc donne une suite favorable en 1217. Les hospices sont gérés jusqu’au début du 14e par l’Ordre du Temple. La confiscation des biens du Temple voit les hospices de Moncontour être transférés, entre 1308 et 1312, aux Chevaliers de l’hôpital de Saint-Jean de Jérusalem, et dépendre désormais de la commanderie de l’Hôpital de Quessoy.

L’établissement accroît progressivement son importance grâce aux donations consenties par la noblesse locale. Ainsi la chapelle est-elle mentionnée en 1363 dans le testament de Jean de Beaumanoir.

Une représentation de Moncontour en 1698 présente la petite chapelle « St ian ». La porte d’entrée est probablement située sur la voie, aucune porte n’étant visible sur ce dessin au Sud comme à l’Ouest où des fenestrages sont par contre aménagés. La toiture est surmontée aux deux pignons par des croix. A l’Est existe un simple clocher maçonné, assez élevé, également surmonté d’une croix.

Le 25 mai 1745 a lieu à « l’auberge de l’Image Saint-Jean » une réunion des commandeurs de l’Hôpital de Carentoir, de La Guerche et d’Amboise qui se rendent ensuite à la chapelle de Quessoy dont ils dressent l’inventaire. La communauté de ville, qui porte à cette époque ses efforts sur l’amélioration du réseau routier de la ville, envisage en 1766 de réduire la chapelle Saint-Jean qui limite le passage utilisable plutôt que de démolir à l’éperon l’auberge et sa clôture.

Au cours de l’été 1774, afin d’y établir un nouveau cimetière, la communauté réalise pour 50 livres l’achat d’un jardin situé au pignon de la chapelle, appartenant au sieur de Boisrio ; ce nouveau cimetière n’entre pas en service avant 1778 et en octobre 1782, Mlle Jaffrelot-Duguilly réclame le règlement de son achat de terrain « joignant des deux bouts à la venelle de l’Eperon et à la rue Saint-Jean à l’orient et au couchant à d’autres jardins », qu’elle louait auparavant 18 livres par an et dont le prix est fixé à l’amiable à 348 livres.

Le 5 juillet 1790, en exécution des décrets nationaux, la nouvelle municipalité nomme une commission chargée d’estimer l’achat du prieuré de Saint-Michel ainsi que de la chapelle Saint-Jean : l’acquisition se porte à 24.000 livres le 27 juillet. La chapelle est fermée en septembre 1790, un décret de l’Assemblée Nationale limitant à une seule paroisse les villes de moins de 6.000 habitants. Fin 1792, il est procédé à l’estimation des biens nationaux du prieuré Saint-Michel et de la chapellenie Saint-Jean par le fermier général Le Loutre. Cet état des lieux nous apprend qu’à Saint-Jean une maison est louée 106 livres à Y. Abgrall, prêtre de la chapelle. La maison joint la chapelle et le petit cimetière de Saint-Mathurin au Nord, le grand cimetière Saint-Mathurin à l’Est, la venelle Marqués au Sud et la rue Saint-Jean à l’Ouest. La chapelle est désaffectée en 1793, et le mobilier transmis avec celui des autres établissements au représentant du peuple, Dayot, à Loudéac, sinon brûlé sur place.

Abandonnée à la fin du 18e, son état se dégrade alors considérablement et sa fréquentation doit être prohibée. La démolition de la chapelle est entreprise à partir de 1800, alors que le cimetière reste utilisé quelques années. La chapelle ruinée appartient au début du 19e à un dénommé Thomas Laurant La Vigne dit La Violette. Lorsque d’avril 1809 à août 1810 Jean Hennon Dubois, géomètre du cadastre, dresse les plans d’alignement de la ville, la « vieille chapelle » Saint-Jean fait encore saillie sur la voie, mais sa condamnation est inéluctable : elle se situe en plein sur le tracé du projet de prolongement de la rue Basse.

(Merci à Bertrand L'Hôtellier pour ses recherches et la mise à disposition de son manuscrit)