Chapelle Saint-Gildas

Gildas.jpg (14006 octets)Donnons la parole à Anatole le Braz qui décrit un drôle de pardon, qui ferait frissonner de nos jours la Société Protectrice des Animaux !

"C'est encore un pardon bien original que celui de saint Gildas, en Carnoët. Les personnes sujettes aux maux de dents ou qui ont été mordues par des chiens qu'on croit enragés font voeu d'y envoyer une volaille, coq ou poule. Une énorme mue à quatre étages est disposée au bas de l'église, à gauche du porche. Dès la veille du pardon, elle est pleine, et les bêtes, pendant la durée des offices, y font le plus extraordinaire vacarme, criant, piaillant, battant des ailes, mêlant leurs gloussements et leurs coquericos à la voix des chantres. A l'issue de la grand-messe, le bedeau pénètre dans la mue, y prend un des plus beaux coqs et grimpe à la balustrade du clocher au pied duquel s'est déjà massée la foule. Puis, faisant tournoyer la malheureuse volaille au-dessus de sa tête, par trois fois, il la lance de toutes ses forces dans l'espace, de façon à ce qu'elle aille tomber au milieu des fidèles. C'est alors une mêlée indescriptible. Toutes les mains se tendent pour saisir l'animal au vol : on se l'arrache, on l'écartèle, on le met en pièces. Et ce sont des trépignements, des cris, des bousculades, et aussi des horions. On s'efforce surtout d'attraper la tête, car celui qui en reste maître est assuré, pour l'année qui suit, de la protection privilégiée du saint."

(Texte : A. le Braz, Les saints bretons)
(Photo: Visite de Carnoët)